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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Claro
Paris : Sonatine, août 2012
210 p. ; 20 x 14 cm
ISBN 978-2-35584-118-7
Ça glisse au pays des Merveilles
Un snuff movie est un film dans lequel les acteurs sont censés mourir réellement durant le tournage. Dans ce roman de Chuck Palahniuk, il ne s'agit pas d'un véritable snuff movie même si depuis le début plane l'ombre de la mort, la mort annoncée de la vedette féminine du film. L'idée est simple : réaliser le film porno ultime durant lequel Cassie Wright, une actrice vieillissante du hard va voir passer sur elle six cents acteurs interchangeables et numérotés l'espace d'une nuit. Normalement, par de simples effets physiologiques, elle ne devrait pas pouvoir survivre à l'ensemble de ces assauts...
Mais cette mort apparait comme hors champ, de même que l'actrice. Chuck Palahniuk est un esprit fin, et il a mis dans une pièce le lieu du tournage. Les acteurs qui attendent leur tour en compagnie du lecteur sont derrière la porte qui parfois s'ouvre et laisse passer un bruit ou une odeur, sans plus. Cette mort rôde ainsi, se glisse entre deux conversations car, finalement, elle est omniprésente : tous les acteurs savent que l'actrice risque de mourir et espèrent, cyniquement, que le scandale retombera en une option positive sur leur carrière, et ils seront ceux qui ont tué l'actrice - mais devant six cents coupables potentiels, il n'y a aucun moyen d'être condamné.
Le roman se construit en spirale autour de trois acteurs particuliers mais qui pourraient symboliser l'ensemble : un homosexuel qui entend redorer sa carrière artistique avec le scandale (n° 72), un jeune qui s'est inscrit car il croit être le fils de l'actrice (n° 137) et une vieille star du X qui fut le premier partenaire de l'actrice (n° 600) et qui a même un cachet létal pour aider son amie à réaliser ce fantasme ultime.
Chuck Palahniuk utilise son style personnel, mélange de roublardise (car évidement il est question de maternité et de paternité dans un domaine plus axé sur le plaisir), d'humour (il y a une scène où le jeune homme couche avec une poupée gonflable qui se dégonfle au fur et à mesure de ses poussées) et d'obsessions américaines : le culte de la performance, du spectacle, de l'argent, du sexe comme business normal. Après les deux tiers du texte, suite de préliminaires verbaux, le roman s'accélère jusqu'à l'explosion finale, dans une sorte de parabole de l'acte sexuel lui-même. Jouissif !
Citation
Ça fait quoi de voir sa bite et ses couilles, ou son clito et ses grosses lèvres, clonés un milliard de fois sur une étagère derrière le vendeur de sex-toys qui mâche un chewing-gum ?