La Mort en souvenirs

Elle courait sans réfléchir, sans savoir où elle allait, le désespoir la poussant à s'enfoncer toujours plus dans les champs. Piégée au milieu du labyrinthe oppressant des interminables rangées de maïs, elle sentait les épis mûrs accrocher ses cheveux et les feuilles lui fouetter la paume des mains tandis qu'elle se frayait un passage entre les hautes tiges.
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jeudi 21 novembre

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Roman - Policier

La Mort en souvenirs

Enquête littéraire MAJ vendredi 19 décembre 2014

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 11,9 €

Pascal Hérault
Gudensberg-Gleichen : Wartberg, septembre 2014
238 p. ; 20 x 12 cm
ISBN 978-3-8313-2828-4
Coll. "Zones noires"

Maurer, pour des idées

Il existe toute une partie de la littérature policière qui joue avec la notion même de l'écrivain. Le narrateur devient alors un écrivain à qui il arrive des aventures policières, voire qui est confronté à des personnages peu reluisants qui tentent de mettre en scène ses descriptions et ses scénarios mortels tout en ne sachant pas qu'ils peuvent commettre alors entres autres crimes une métalepse narrative. Souvent, d'ailleurs, le romancier en question est complexé, mal dans sa peau, au bord d'un précipice qu'il a lui-même contribué à créer, en panne d'inspiration. Peut-être parce que c'est ainsi que se voient nombre d'écrivains. Toujours est-il que cette introduction vaut évidemment parce que ce roman de Pascal Hérault est une enquête littéraire, une enquête dans son roman à partir de son roman.
Ancien flic, qui a quitté la police suite à une bavure, Alex Maurer se trouve à Trouville. Écrivain reconnu, il vient signer son dernier ouvrage, et en profite pour sympathiser avec une autre auteur, mais bon comme il vient de rencontrer la fantasque Carine, il ne veut pas courir deux lièvres à la fois. Et cela tombe particulièrement bien (sic !) puisque les deux jeunes femmes disparaissent et que la police commence à s'intéresser de très près à cet Alex Maurer. Lorsqu'il reçoit des messages anonymes inquiétants, il comprend qu'un piège insidieux, proche des péripéties qu'il décrit dans ses romans, se met en place. Mais comment pourra-t-il faire pour s'en sortir ?
Sur un thème analogue, Stephen King aurait joué l'angoisse, les grands espaces, et aurait insisté sur les effets. Pascal Hérault, lui, a choisi l'insidieux, une petite ville de Normandie, la plage, les restaurants et les salons de thé feutrés. Tout son style glisse sur les détails, égare l'œil du lecteur, lui propose des demi-teintes, des zones brumeuses (sans doute est-ce la raison pour laquelle les personnages consomment avec force conviction de l'alcool), refuse le clinquant fantastique pour concentrer son intrigue sur les impressions de son écrivain, sur cette douceur provinciale et cette bourgeoisie désuète.
Au sein de cette intrigue, par contraste, nous suivons Alex Maurer qui oscille entre une maîtresse fantasque et une romancière avec qui il pourrait faire un brin de route. Il choisira une femme qui l'a quitté mais qui revient... Les personnages apparaissent extrêmement bien dessinés, silhouettes impeccables, ensemble de gens en perdition lente, englués dans une vie qui les dépasse. Pascal Hérault divertit avec une jolie intrigue et des personnages plaisants. Que demander de plus ?

NdR - Pascal Hérault n'est pas que romancier. Il sévit également en ces pages. Aussi, votre rédacteur prend-il le risque d'être taxé de subjectivité...

Citation

Eh bien, tant que cela reste de la fiction, ça ne fait de mal à personne, n'est-ce pas ?

Rédacteur: Laurent Greusard vendredi 19 décembre 2014
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