Toutes les vagues de l'océan

Écoute-moi bien, canaille. De ce jour, tu n'as plus de fille. Si jamais Aglaé devait croiser de nouveau ta route, que ce soit de ton fait ou par un hasard malheureux, je le saurai et je te retrouverai, où que tu sois. Mais cette fois-là, c'est moi qui te saignerai comme le sale porc que tu es. J'espère que je me suis fait bien comprendre.
Éric Fouassier - Les Nuits de la peur bleue
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

La Cité sous les cendres
Dix ans ont passé depuis que Danny Ryan et son fils ont dû fuir Providence et la vengeance d'une fami...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

samedi 23 novembre

Contenu

Roman - Noir

Toutes les vagues de l'océan

Politique - Historique MAJ jeudi 05 février 2015

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 23,8 €

Victor del Árbol
Un million de gotas - 2014
Traduit de l'espagnol par Claude Bleton
Arles : Actes Sud, février 2015
640 p. ; 25 x 15 cm
ISBN 978-2-330-04344-5
Coll. "Actes Noirs"

Actualités

  • 05/09 Site Internet: Cercle polar sur Télérama
  • 25/06 Prix littéraire: Sélections 2015 des GPLP
    La liste officielle des GPLP vient tout juste d'être dévoilée. Fortes de onze romans francophones et de dix-sept étrangers, ces sélections sont marquées sous le sceau des éditions Rivages, Actes Sud, Le Seuil et Gallimard. On repère ci et là quelques perles venues d'ailleurs, et l'on se demande d'ailleurs si elle ne servent pas d'alibi. C'est ainsi que l'on peut joyeusement s'étonner de retrouver le romancier stylé suisse Joseph Incardona pour un petit ouvrage aux éditions Finitude. Étrangement, on ne voit pas comment la palme étrangère pourrait ne pas revenir au Perfidia de James Ellroy, mais quand on débusque le dernier mauvais opus de Don Winslow, on se dit aussi que tous les (dés)espoirs sont permis. Il est dommage que l'un des prix les plus ancestraux et respectés n'offre pas de choix plus osé et opte pour un classicisme forcené. Rendez-vous le 23 septembre afin de connaître les noms des deux lauréats.

    Sélection 2014 du Grand prix de la littérature policière - roman français :
    - Trait bleu, de Jacques Bablon (Jigal, "Polar") ;
    - Une valse pour rien, de Catherine Bessonart (L'Aube, "L'Aube noire") ;
    - Les Initiés, de Thomas Bronnec (Gallimard, "Série Noire") ;
    - Personne n'en saura rien, de Sylvie Granotier (Albin Michel, "Spécial suspense") ;
    - Derrière les panneaux il y a des hommes, de Joseph Incardona (Finitude) ;
    - Hors la nuit, de Sylvain Kermici (Gallimard, "Série Noire")
    - Au fer rouge, de Marin Ledun (Ombres noires) ;
    - Trabadja, de Jean-Paul Nozière (Rivages, "Noir") ;
    - L'Alignement des équinoxes, de Sébastien Raizer (Gallimard, "Série Noire") ;
    - Adieu Lili Marleen, de Christian Roux (Rivages, "thriller") ;
    - Des forêts et des âmes, de Éléna Piacentini (Au-delà du raisonnable).

    Sélection 2014 du Grand prix de la littérature policière - roman étranger :
    - La Vérité et autres mensonges, de Sascha Arango (Albin Michel, "Les Grandes traductions") ;
    - Toutes les vagues de l'océan, de Victor del Árbol (Actes Sud, "Actes noirs") ;
    - À mains nues, de Paola Barbato (Denoël, "Sueurs froides") ;
    - Trame de sang, de William Bayer (Rivages, "Thriller") ;
    - Perfidia, de James Ellroy (Rivages, "Thriller") ;
    - Jackpot, de George Dawes Green (Le Livre de poche) ;
    - L'Enfer de Church Street, de Jake Hinkson (Gallmeister, "Neonoir") ;
    - Ne reste que la violence, de Malcom MacKay (Liana Levi, "Policier") ;
    - Le Moineau rouge, de Jason Matthews (Le Cherche midi, "Thriller") ;
    - Les Assassins de la 5e B, de Kanae Minato (Le Seuil, "Seuil policiers") ;
    - Ratlines, de Stuart Neville (Rivages, "Thriller") ;
    - Linda, de Leif G. W. Persson (Rivages, "Thriller") ;
    - Le Bourreau de Gaudí, de Aro Sáinz de la Maza (Actes Sud, "Actes noirs") ;
    - Finsterau, d'Andrea Maria Schenkel (Actes Sud, "Actes noirs") ;
    - Retour à Watersbridge, de James Scott (Le Seuil, "Seuil policiers") ;
    - Missing: New York, de Don Winslow (Le Seuil, "Seuil policiers") ;
    - Dernier meurtre avant la fin du monde, de Ben H. Winters (Super 8).
    Liens : Trait bleu |Une valse pour rien |Trabadja |Adieu Lili Marleen |Perfidia |L'Enfer de Church Street |Le Moineau rouge |Finsterau |Missing : New York |Dernier meurtre avant la fin du monde |Des forêts et des âmes |L'Alignement des équinoxes |À mains nues |Jacques Bablon |Sylvie Granotier |Joseph Incardona |Marin Ledun |Jean-Paul Nozière |Sébastien Raizer |Christian Roux |Éléna Piacentini |James Ellroy |Stuart Neville |Leif GW Persson |Andrea Maria Schenkel |Don Winslow |Paola Barbato

  • 28/03 Librairie: Coups de cœur du mois pour... frissonner de la librairie Garin (73)

Héros au sourire torve

Au début du XXe siècle, les avenirs étaient ouverts et tous les futurs possibles. Les Espagnols commençaient à entrer dans le monde moderne : le roi était parti, la République cherchait ses marques et l'Union soviétique exportait le mythe d'un avenir radieux. C'est dans cet environnement qu'apparait Gil, un ingénieur qui entend participer à cet espoir, mais qui très vite déchante lorsqu'il rencontre en U.R.S.S. des hommes et des femmes qui vont avoir une influence sur lui et sa famille.
De nos jours dans une Espagne contemporaine, Gonzalo Gil, fils de ce héros communiste, est un avocat qui tente de résister aux sirènes du libéralisme en croyant encore profondément à son métier. Il y a quelques années, son père a disparu sans laisser de traces, et l'on soupçonne la police politique espagnole d'y être pour quelque chose. L'ombre portée des Alcazar, une famille de policiers, franquistes liés à son beau-père, un influent avocat aux nombreuses affaires louches, touche la vie de Gonzalo Gil. Surtout que sa sœur se suicide - policière, sous les ordres d'Alcazar, elle aurait torturé un mafieux russe responsable de la mort de son fils.
Gonzalo Gil a lui aussi des rêves et des espoirs. Certes ce ne sont pas ceux d'un futur harmonieux pour l'humanité, mais des envies simples comme rester digne, fier de soi ou encore aider sa famille. La mort de sa sœur est l'occasion de "tester ses rêves", et la façon de les confronter à la réalité. Au cours du récit revient sans arrêt la parabole de la petite goutte qui ne peut rien faire seule mais qui est quand même celle qui va initier le premier effritement de la falaise.
Toutes les vagues de l'océan ne se réduit pas à présenter quelques personnages symboliques des périodes historiques, mais dessine des portraits justes et touchants d'une humanité complexe : un enfant-soldat noir, Gonzalo, une voisine qui lit de la poésie russe, une brute russe, une femme battue, un policier désemparé, un homosexuel honteux, comme autant de diamants bruts cachés dans la gangue des événements noirs. En même temps, il oblige à se souvenir de tous ces camps que l'horreur d'Auschwitz a masqué : ceux des franquistes ou des communistes espagnols, ceux de l'U.R.S.S. stalinienne, ceux qui accueillirent en France les réfugiés vaincus de la guerre d'Espagne, ceux qui, aujourd'hui, parsèment l'Afrique.
Le récit est volumineux, demandant une attention soutenue par le jeu des correspondances entre les périodes et les familles. Peut-être aurait-il pu gagner à s'alléger un peu mais comment faire lorsque l'on brasse un récit qui retrace le XXe siècle à travers le destin des Espagnols ? Espoirs républicains, guerre civile entre démocrates et fascistes, entre alliés de gauche qui doivent à la fois se méfier des ennemis visibles mais également des purges dans leur propre camp ; contradictions vivantes et vivaces entre le choix politique altruiste, ses propres désirs humains, les trahisons envers son camp pour obtenir un avantage, et sans doute, le pire : la trahison de ses propres convictions ? Gil, le grand-père, le père et également le fils (qui a commis un crime mais que l'on pourrait innocenter car dans une famille d'avocats on sait contourner la loi) vont se retrouver face à des choix cornéliens qui les engagent individuellement mais sont, en même temps, les reflets des choix des sociétés du monde moderne.


On en parle : Lire n°434

Citation

Il aimait qu'on le vouvoie ; même s'il était noir et sans-papiers, ses vêtements de luxe et ses lunettes de soleil de marque le rendaient tout de suite plus blanc.

Rédacteur: Laurent Greusard mardi 08 mars 2016
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page