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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais par Jacques Martinache
Paris : Presses de la Cité, janvier 2015
440 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-258-09239-6
Coll. "Sang d'encre"
Actualités
- 28/04 Prix littéraire: Palmarès 2015 des Explorateurs du polar
Les absents ont toujours tort. Cette affirmation est fortuite mais absolument pas gratuite à l'heure d'écrire cette dépêche sur un phénomène actuel qui débouche sur des énormités. Que chacun y aille de sa sélection des meilleurs ouvrages lus passe encore. Mais que ceux qui veulent mettre en avant des ouvrages pour leurs qualités (d'intrigue et/ou littéraire) songent à ce que eux-mêmes écrivent. Ce mardi a ainsi été dévoilée sur le site Lecteurs.com une liste qui présente "parmi les meilleurs polars du moment, celui à ne manquer sous aucun prétexte". C'est écrit en gras dès la deuxième ligne. Seulement voilà plus bas on découvre les maisons d'édition partenaires. Et là le bat blesse quand il ne tue pas. Parce que tout benoitement il n'y a pas - et ça saute aux yeux - les éditions Rivages. J'entends déjà les grognons et les grincheux pour vitupérer comme quoi il n'y a pas que Rivages dans la vie du polar. C'est vrai. C'est entièrement vrai. Seulement, c'est un acteur incontournable de l'édition policière si ce n'est le premier. Donc un palmarès sans prendre en compte les parutions de chez Rivages c'est absurde. Et Rivages n'est absolument pas le seul absent du lot. Des taquins auraient pu noter l'absence des éditions Mirobole. D'autres mentionner Actes Sud, Calmann-Lévy, Le Cherche midi, Jacqueline Chambon, Belfond, XO, Critic, Michel Lafon, Robert Laffont, Stock ou Denoël (autant d'éditeurs absents de ces éditeurs partenaires, ouch, là aussi il y aurait des questions à se poser). Nous nous contenterons de souligner malicieusement* l'absence d'Albin Michel. Bref, tout ça pour que vingt-huit enquêteurs littéraires tendance Madame Michu accouchent d'un palmarès étrange, hétéroclite et hétérogène (avec son lot de consolation histoire que la quasi totalité des ouvrages soient cités à part ceux de chez Gallmeister et du Seuil qui à notre sens étaient parmi les meilleurs ouvrages de cette liste de vingt-cinq titres). Le truc se rattrape aux branches puisqu'il a été fait à l'occasion de Quais du polar. L'absolution n'a pas de prix mais un palmarès.
Palmarès des explorateurs du polar 2015 :
1. Révélée, de Renee Knight (Fleuve, "Fleuve noir") ;
2. Nid de vipères, de Edyr Augusto (Asphalte), Viscères, de Mo Hayder (Presses de la Cité, "Sang d'encre") & Le Dernier pape, de Luis Miguel Rocha (L'Aube) ;
6. Leçons d'un tueur, de Saul Black (Presses de la Cité, "Sang d'encre"), La Mer d'innocence, de Kishwar Desaï (L'Aube, "Polar"), Deux gouttes d'eau, de Jacques Expert (Sonatine), Terrible jeudi : le jour de l'innocence perdue, de Nicci French (Fleuve, "Fleuve noir"), La Ville des morts, de Sara Gran (Le Masque, "Grand format"), L'Ombre de Gray Mountain, de John Grisham (Jean-Claude Lattès) & Bioy, de Diego Trelles Paz (Buchet Chastel).
* Sont cités dans le corps de l'article Ian Manook et Maxime Chattam, deux auteurs de chez Albin Michel, qui sont mis en avant comme "des grands auteurs du polar et du thriller"...
Liens : Le Dernier pape |La Mer d'innocence |Leçons d'un tueur |L'Ombre de Gray Mountain |Révélée |Terrible jeudi : le jour de l'innocence perdue |Naïri Nahapetian | D.O.A. |John Grisham |Sara Gran |Nicci French |Kishwar Desai |Mo Hayder |Quais du Polar
Vérité dans les entrailles
Jack Caffery est un policier hanté par la disparition de son jeune frèredes années auparavant. Il sait que les coupables sont les membres d'un réseau pédophile qui existe peut-être encore, mais il veut en finir avec ce passé - faire son deuil, comme disent les psychologues aujourd'hui -, et pour cela il lui faut retrouver son frère ou du moins sa tombe. Pour le renseigner, il n'y a qu'un homme, le Marcheur, sorte de vagabond céleste qui semble savoir beaucoup (trop) de choses. Lorsqu'il le retrouve, ce dernier accepte de l'aider mais y met une condition : rendre un chien à son propriétaire. Problème : le chien n'a pas de collier... mais son ventre contient des bijoux... Tout cela sonne comme une version moderne du conte du Petit Poucet et de ses cailloux...
En parallèle, nous suivons justement ce qui arrive aux propriétaires du chien. Une histoire liée à un passé traumatisant avec un tueur en série débutant qui a découpé et éviscéré l'ancien petit ami de la fille de la maison. Des années plus tard, alors que le père se remet d'une intervention cardiaque, la famille se promène dans le bois proche de leur maison et découvre des viscères sur une haie... Angoissés, les membres de la famille rentrent alors que dans le même temps des inspecteurs arrivent chez eux. Mais ces policiers sont bien étranges car ils semblent eux aussi avoir peur d'un retour du tueur en série (et un coupable se trouve déjà derrière les barreaux).
Même s'il est question d'un tueur en série, de viscères répandues et autres joyeusetés, le roman n'est pas une suite de délires gore ou sanguinolents plus ou moins bien agencés. Au contraire, il joue sur des peurs diffuses et des retournements de situation car si nous sommes à l'ère moderne, Internet peut tomber en panne et le réseau de téléphonie peut dysfonctionner. Alors que fait-on ? De plus, si les forces de police semblent aussi désarmées que les simples citoyens, que faire ? Quand on est un riche industriel et que l'on dépend des petits pilules cardiaques pour continuer à vivre, comment lutter ? Quand une enquête dépend des aveux d'un pédophile pervers qui joue au chat et à la souris, comment garder son calme ? Autant de questions auxquelles trouver des réponses que pose Mo Hayder dans ce Viscères.
L'ambiance angoissée s'accroît avec une romancière qui sait particulièrement jouer des peurs : une maison isolée, des victimes coincées dans des pièces différentes, peu de possibilités de s'échapper ou de trouver de l'aide, des bourreaux qui savent souffler le chaud et le froid. Le style est efficace pour faire monter la tension avec des retournements de situation assez plausibles - même si parfois le lecteur attentif se doute bien du piège tendu -, et le tout crée un récit anxiogène de bonne facture, un récit chabrolien ou hitchockien.
On en parle : Lire n°434
Citation
Parce que je peux regarder quelqu'un comme toi, je peux scruter ton visage et y voir mon reflet. Je sais quand je suis en présence du Mal.