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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais par Jacques Martinache
Paris : Presses de la Cité, janvier 2015
440 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-258-09239-6
Coll. "Sang d'encre"
Vérité dans les entrailles
Jack Caffery est un policier hanté par la disparition de son jeune frèredes années auparavant. Il sait que les coupables sont les membres d'un réseau pédophile qui existe peut-être encore, mais il veut en finir avec ce passé - faire son deuil, comme disent les psychologues aujourd'hui -, et pour cela il lui faut retrouver son frère ou du moins sa tombe. Pour le renseigner, il n'y a qu'un homme, le Marcheur, sorte de vagabond céleste qui semble savoir beaucoup (trop) de choses. Lorsqu'il le retrouve, ce dernier accepte de l'aider mais y met une condition : rendre un chien à son propriétaire. Problème : le chien n'a pas de collier... mais son ventre contient des bijoux... Tout cela sonne comme une version moderne du conte du Petit Poucet et de ses cailloux...
En parallèle, nous suivons justement ce qui arrive aux propriétaires du chien. Une histoire liée à un passé traumatisant avec un tueur en série débutant qui a découpé et éviscéré l'ancien petit ami de la fille de la maison. Des années plus tard, alors que le père se remet d'une intervention cardiaque, la famille se promène dans le bois proche de leur maison et découvre des viscères sur une haie... Angoissés, les membres de la famille rentrent alors que dans le même temps des inspecteurs arrivent chez eux. Mais ces policiers sont bien étranges car ils semblent eux aussi avoir peur d'un retour du tueur en série (et un coupable se trouve déjà derrière les barreaux).
Même s'il est question d'un tueur en série, de viscères répandues et autres joyeusetés, le roman n'est pas une suite de délires gore ou sanguinolents plus ou moins bien agencés. Au contraire, il joue sur des peurs diffuses et des retournements de situation car si nous sommes à l'ère moderne, Internet peut tomber en panne et le réseau de téléphonie peut dysfonctionner. Alors que fait-on ? De plus, si les forces de police semblent aussi désarmées que les simples citoyens, que faire ? Quand on est un riche industriel et que l'on dépend des petits pilules cardiaques pour continuer à vivre, comment lutter ? Quand une enquête dépend des aveux d'un pédophile pervers qui joue au chat et à la souris, comment garder son calme ? Autant de questions auxquelles trouver des réponses que pose Mo Hayder dans ce Viscères.
L'ambiance angoissée s'accroît avec une romancière qui sait particulièrement jouer des peurs : une maison isolée, des victimes coincées dans des pièces différentes, peu de possibilités de s'échapper ou de trouver de l'aide, des bourreaux qui savent souffler le chaud et le froid. Le style est efficace pour faire monter la tension avec des retournements de situation assez plausibles - même si parfois le lecteur attentif se doute bien du piège tendu -, et le tout crée un récit anxiogène de bonne facture, un récit chabrolien ou hitchockien.
On en parle : Lire n°434
Citation
Parce que je peux regarder quelqu'un comme toi, je peux scruter ton visage et y voir mon reflet. Je sais quand je suis en présence du Mal.