Noir est mon double

Semblablement au premier jour des soldes, qui déclenche dans le cerveau humain hystérie, absence de pensée et conformisme, tout ce qui déparasitait la plume, déterrait le ver, sondait la vase, grattait le fumier ou bullait sur un perchoir, se mit en branle au son de la première basse. Alors déboula ventre à terre, l'œil rivé, bec tendu, une gent ailée survoltée, mélangeant ses plumages roux, noirs ou tachetés.
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Roman - Thriller

Noir est mon double

Médical - Mafia - Assassinat - Trafic MAJ dimanche 01 mars 2015

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19 €

Alexander W. Rosto
Paris : Belfond, octobre 2014
258 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-7144-5889-6

Œil pour œil, rein pour rein

Comme le titre de ce nouveau roman de Rosto l'indique, il y a effectivement une histoire de double entre un policier intègre et un tueur soupçonné d'avoir abattu un suspect qui avait kidnappé une petite fille. Un peu comme s'ils étaient les deux faces de la même médaille. D'autres personnages du roman seront dans le même cas sous le couvert d'une seule personne : un policier qui en fait utilise des pratiques illégales pour sa propre survie ; un chirurgien qui soigne des gens en en tuant d'autres. Mais très rapidement, car l'écriture du roman joue beaucoup sur les ellipses, sur la description de scènes d'action plus que sur la psychologie des personnages, cette histoire de double s'estompe. En effet, le tueur s'avère être simplement un justicier aux méthodes expéditives et le policier n'hésite pas à contourner la loi pour obtenir ce qu'il cherche.
Derrière cette histoire, l'auteur évoque le problème des dons d'organe et la difficulté qu'il y a à trouver des donneurs volontaires. La mafia cherche donc à résoudre le problème du volontariat de manière un peu simpliste mais bon, on ne fait pas d'omelette sans casser des œufs ! Toujours est-il que l'on tue sans trop s'inquiéter, que l'on traverse les frontières comme un quidam va de son salon à sa cuisine, que les poids moraux ne sont pas des freins face aux puissantes forces monétaires en jeu. Quant au noir du titre, il évoque, outre l'ambiance générale, une maladie très particulière (existe-telle réellement ?) dont souffre le tueur, surnommé d'ailleurs Von Niemand ("Personne" en allemand) : il ne peut bouger ses quatre membres que s'il les voit. Sitôt qu'il est plongé dans l'obscurité, il se retrouve paralysé ! Bien évidemment, le roman va multiplier les situations où le malade se trouve confronté à des moments de ténèbres - un parking souterrain, la nuit dans une chambre d'hôtel, sur un pont frontalier de nuit, dans les faux plafonds d'une clinique avec, à chaque fois, ses sources lumineuses qui se tarissent.
Noir est mon double construit son intrigue de manière alternée sur les tentatives des deux héros pour sauver une petite fille de la mort programmée. Ce fil narratif même, à travers l'Europe, sans temps mort, suite des temps forts de cette quête, constitue un bon scénario pour une série B. efficace.

Citation

Le premier m'avait réveillé en atteignant le palier, non parce qu'il était bruyant, mais parce qu'il ne l'était pas.

Rédacteur: Laurent Greusard dimanche 01 mars 2015
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