Red Fury

Les porcs se laissèrent approcher un instant plus tard, après qu'elles en eurent surpris deux occupés à détriper un enfant, le corps de sa mère - probablement - étendu à côté, ouvert du pubis au sternum, vidé de sa ventraille et de la masse déchiquetée de ses poumons et du reste.
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Roman - Policier

Red Fury

Social - Braquage/Cambriolage - Mafia - Urbain MAJ mercredi 04 mars 2015

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19,9 €

George P. Pelecanos
What It Was - 2012
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Denis Beneich
Paris : Calmann-Lévy, janvier 2015
232 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-7021-4463-3
Coll. "Robert Pépin présente"

Madeleine à la cocaïne

Nous sommes au début des années 1970, à Washington. Les choses sont bien installées : les policiers font leur travail, les gangsters, bien encadrés par les mafieux, le leur et les hommes politiques gèrent le reste. Lentement, les Noirs jouent des coudes pour gagner leur place au soleil à l'instar de Derek Strange, ancien flic devenu privé, ou des musiciens dont les morceaux au hit-parade constituent la bande-son de ce nouveau roman de George P. Pelecanos. Mais ce rêve de tranquillité est en train de s'effriter et, de manière symbolique, l'ouvrage évoque la désillusion politique que pourrait provoquer l'affaire du Watergate.
La désillusion, c'est surtout, dans ce roman, la fuite en avant de "Red Fury" Jones. C'est un petit truand noir qui en a marre d'être un gagne-petit et de ne récolter que ce que les gros veulent bien lui laisser. Aussi, il décide de faire sa "révolution", dans un mélange de cynisme et de candeur. Et de braquer les "gros", de les humilier, voire de les tuer pour prendre leur place. Une fois en position de force, les autres l'accepteront. Avec l'aide de Coco, sa maîtresse, une patronne de bordel, voilà donc notre "Red Fury" Jones qui se met à flinguer un dealer pour récupérer sa drogue, puis à s'attaquer à un grossium local. Seul problème, il est un peu pressé et ne vérifie pas qu'il a bien tué sa proie. Du coup, comme le dealer doit rembourser ses supérieurs, des tueurs de la mafia viennent châtier l'importun. Cela met en branle le travail de Frank Vaughn, un inspecteur de police, lié à Derek Strange, embarqué lui aussi dans l'histoire par une cliente aux attraits évidents mais à la moralité douteuse - bref la cliente normale d'un privé de hard boiled.
Red Fury s'ouvre et se clôt, à la manière ancienne : Derek Strange, aujourd'hui, s'assoit dans un bar, attaque une consommation et raconte un souvenir d'il y a quarante ans. De même, il utilise un petit élément qui va servir de fil conducteur à son histoire : ici, une bague que les différents protagonistes de l'histoire récupèrent en volant, en fouillant chez un ennemi ou sur un cadavre. Cette bague est normalement l'objet de la mission confiée au détective. Ces deux éléments donnent le ton du livre : un mélange entre une intrigue intelligente, un sens du détail (même les personnages secondaires acquièrent une vie en quelques lignes, comme un indic travelo, une petite frappe droguée qui meurt au début de l'intrigue ou les deux tueurs à la sauce Quentin Tarantino), une progression par à-coups lorsque truands ou policiers font les recoupements nécessaires, et une sorte d'innocence - rythmée par les tubes de la Motown, par des chants que l'on imagine, des danseuses noires que l'on voit se trémousser avec des saxophones tonitruants en arrière-plan, comme les derniers feux d'une période où finalement il y a de l'espoir, comme un épisode de Starsky et Hutch à déguster avec les yeux de l'enfance.

Citation

Strange et Vaughn burent tout l'après-midi et tandis que la musique continuait, les gens autour d'eux, majestueux et branchés avec leurs chevelures hirsutes et leurs vêtements à la dernière mode, riaient et s'amusaient. Ils vivaient à fond ce moment d'une époque palpitante et magnifique. 18 juin 1972.

Rédacteur: Laurent Greusard mercredi 04 mars 2015
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