Pièges et sacrifices

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Contenu

Roman - Noir

Pièges et sacrifices

Social - Assassinat - Urbain - Complot MAJ jeudi 05 mars 2015

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20,9 €

Roger Smith
Sacrifices - 2013
Traduit de l'anglais (Afrique du Sud) par Elsa Maggion
Paris : Calmann-Lévy, février 2015
344 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-7021-5533-2
Coll. "Robert Pépin présente"

Le noir au pays de l'arc-en-ciel

Si le titre original du nouveau roman du Sud-Africain Roger Smith est plus court et percutant, le titre français a le mérite d'entraîner le lecteur vers des références plus littéraires, dont le célèbre roman de Fedor Dostoïevski Crime et Châtiment. L'aspect religieux, qu'il s'agisse de châtiment ou de sacrifices reste, mais au crime original, se substitue la perversité, la malignité du monde contemporain, ou de la société dans laquelle écrit Roger Smith. L'auteur, qui s'est fait une place dans le monde du roman noir depuis quelques années, est donc sud-africain. Ses personnages se révèlent emblématiques d'une société qui a vécu dans un régime oppressif, dont le seul mérite était que les situations de chacun étaient figées et qui aujourd'hui découvrent que la liberté est finalement aussi compliquée que l'apartheid.
D'un côté, nous avons Mike Lane, riche héritier, qui a un petit métier de libraire pour ne pas s'ennuyer ; sa femme, Berveley, parvenue et arriviste, qui défend ses privilèges bec et ongles, et leur fils Christopher, prétentieux qui devrait réussir parce que c'est normal : il est blanc, riche, beau et sportif. Face à eux, il y a la famille Solomons. La mère est employée de maison depuis des années chez les Lane. Sa fille, Louise, fut bien élevée, soutenue par Mike qui l'appréciait mais Lyndall, le fils, se drogue et peut être violent. Quant au père, c'est un assassin sanguinaire qui oscille entre la prison et une vie de violence dans un gang.
Lyndall est venu une nouvelle fois réclamer de l'argent à sa mère et la rencontre s'est mal terminée. Lorsque quelques heures plus tard, Christopher, dans un accès de folie, tue la jeune fille qu'il a amené à la maison, l'occasion est trop belle de faire accuser Lyndall. Alors commence pour Mike une descente aux enfers, à la recherche d'une rédemption impossible, et pour Louise qui a saisi les culpabilités de chacun, le besoin de se venger. En arrière-plan court la notion d'une société gangrenée par la violence, une violence omniprésente, si facile qu'elle est la première solution à laquelle on pense pour évacuer les problèmes : police contente de vite trouver un coupable, sauvagerie de la vie en prison, soucis qui arrivent à Christopher, vols et brutalités qui semblent le quotidien des rues de la ville, refuge dans la librairie où les maîtres chanteurs accourent, terrains sportifs où surgissent des adversaires préhistoriques. Le tout pourrait être symbolisé par une scène d'une noirceur confondante : Louise discute avec son père, brute violente, qui lui demande de l'argent pour lui parler. Ce dernier lui propose d'aller juste à quelques mètres pour regarder si un enfant fait de la balançoire. C'est simplement pour mettre une pression sur le père de l'enfant car il fait partie d'un gang adverse et il faudra bien venger la mort de Lyndall...
De manière métaphorique, c'est toute la société sud-africaine qui apparaît en filigrane. Outre les personnages emblématiques (mais qui sont décrits avec soin, en faisant des êtres de chair et de sang et non les simples porte-étendards d'une condition sociale), des situations montrent la complexité : si Mike est riche, c'est parce que Beverley a su faire fructifier les terres qu'ils avaient obtenues par la colonisation et parce que le couple est né d'un "crime" commis en commun. Lyndall est une brute mais il est tué en prison parce que son père fait partie d'un gang. Au moment où Mike essaie de s'en sortir et de retrouver une innocence perdue, ses "péchés" le rattrapent.

Citation

Les vannes s'ouvrent, il tombe sur le lit, rampe sur la couette, agrippe l'oreiller, braille, pleure pour tout ce qu'il a fait et tout ce qu'on lui a fait.

Rédacteur: Laurent Greusard jeudi 05 mars 2015
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