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Grand format
Inédit
Tout public
332 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-07-014870-7
Coll. "Série noire"
Actualités
- 22/03 Prix littéraire: Prix 2015 du 8e Festival International du Film policier de Beaune
La huitième édition du Festival International du Film Policier de Beaune se déroulera du 30 mars au 3 avril 2016. Mais les différents prix qui seront décernés ont déjà trouvé leurs lauréats qui ont pour nom Raphaël Jacoulot, Dominique Manotti, Boris Quercia et François-Henri Soulié. Soit un réalisateur et trois auteurs de romans policiers. Nous nous contentons dans cette dépêche de les signaler. Ils auront bientôt le droit chacun à une page prix, mais nous pouvons d'ores et déjà rappeler que le Prix Claude-Chabrol a été créé en 2011 suite à la disparition du réalisateur français qui avait été par ailleurs le premier président de ce même Festival du Film Policier. Nous pouvons également souligner que les deux Grands Prix de littérature sont soumis à la sagacité du Cercle rouge qui réunit des personnalités qui font œuvre de parrainage, et que parmi ceux-ci figurent Laurent Chalumeau et Claude Mesplède. Enfin, notons que le dernier prix littéraire qui récompense un premier roman (qui sera par la suite édité au Masque) a été décerné par un jury présidé par Jean-Christophe Grangé et que Sylvie Granotier en faisait partie. Si pour Dominique Manotti, ce prix n'est pas une première (et espérons-le surtout pas une dernière), il n'en est pas de même pour les éditions Asphale qui récoltent en France leur premier prix de littérature policière d'importance. Et ce n'est que justice, ajoute le chroniqueur totalement subjectif de cette dépêche...
Prix Claude-Chabrol :
- Coup de chaud, de Raphaël Jacoulot avec Jean-Pierre Darroussin, Gregory Gadebois, Karim Leklou, Carole Franck, Isabelle Sadoyan...(Diaphana).
Grand Prix du roman noir français :
- Or noir, de Dominique Manotti (Gallimard, "Série Noire").
Grand Prix du roman noir étranger :
- Tant de chiens, de Boris Quercia (Asphalte, "Fictions").
Prix du premier roman policier :
- Il n'y a pas de passé simple, de François-Henri Soulié (Le Masque
Liens : Tant de chiens |Dominique Manotti |Claude Mesplède |Sylvie Granotier |Boris Quercia |Laurent Chalumeau |Festival International du Film Policier de Beaune - 04/07 Librairie: Sélections de l'été 2015 de la librairie Compagnie
- 27/06 Prix littéraire: Sélection 2015 du Prix Polar Michel Lebrun
- 07/04 Prix littéraire: Sélection 2015 du Prix Landerneau polar
- 05/03 Auteur: Vidéos de présentation d'Or noir de et par Dominique Manotti
Mystérieuses annnées Frickx
Or noir, nouveau roman attendu de Dominique Manotti, se lit comme l'on regarde un film du début des années 1980 avec un justicier solitaire version Jean-Paul Belmondo, flic parisien, qui se retrouve muté à Marseille, c'est-à-dire avec délectation. L'histoire se mêle avec l'Histoire, surtout celle de la pègre marseillaise, la French Connection, des traders et du pétrole. Le tout sur fond de compromission, d'une justice loyale aux politiques et aux financiers, de services de police obligés de coopérer avec mauvais grâce, de la prolifération de réseaux obscurs et de la naissance du marché de l'art contemporain.
Si l'action se déroule à Marseille en 1973, les ramifications se trouvent, elles, à Nice, en Italie, en Afrique du Sud, en Suisse, en Turquie, en Iran et en Israël. Autant dire que c'est avant tout une intrigue géopolitique avec la mise en branle accidentelle de l'appareil judiciaire. Pourquoi accidentelle ? Parce qu'au départ, un ancien truand est abattu à la sortie d'un casino par un motard isolé. Seulement, ce qui aurait dû passer pour un règlement de comptes entre truands qui négocient la succession de la maison Guérini se heurte à un détail d'importance : la présence au bras de ce Pieri d'Emily Frickx, riche héritière sud-africaine dont le mari fricotait avec la victime du jour. Le tueur a fait preuve de sang-froid pour abattre sa cible de dix balles sans toucher Emily Frickx. Ce qui va amener son lot de questions. D'autant que les truands ne se soucient que très peu des dommages collatéraux. Alors pourquoi l'avoir laissée en vie au risque d'en faire un témoin gênant ? En moins de quarante huit heures, deux autres victimes voient le jour, et une entreprise est démembrée alors qu'une autre avec un actionnaire principal est créée. C'est sûrement un peu beaucoup pour le jeune commissaire Daquin qui débarque après un passage par le Liban.
Volontairement, la romancière nous propose la jeunesse de l'un de ses héros présent dans trois ouvrages dont Nos fantastiques années fric. Daquin est un flic forcément intègre, qui plus est homosexuel, qui gravite dans un monde d'hommes contraints de louvoyer et de jouer les équilibristes sur la corde qui représente la frontière entre honnêteté et malhonnêteté. À cette époque, les flics sont presque tous des hommes, machos de surcroit. L'ombre de Zampa et de Francis le Belge plane sur la cité phocéenne, mais c'est bien celle du pétrole, de cet or noir, qui devient tentaculaire. À la veille d'un choc pétrolier d'importance, Dominique Manotti explicite avec justesse une période charnière avec la création de l'Opep, le chantage des grandes compagnies, les manigances du Shah d'Iran avec Israël et l'apparition des premiers traders. Son intrigue policière est à la limite de l'excuse. Elle est bien ficelée, mais sert surtout de révélateur à ce nouveau stade d'un monde capitaliste dans lequel la guerre économique ne se cache plus derrière des conflits. Elle ajoute à la sécheresse de son écriture des touches sentimentales et un brin de désabusement. Ses personnages sont bien sentis, et trouvent tout à fait leur place sur l'échiquier du Sud. Dominique Manotti participe à cette renaissance à la "Série Noire" du polar économico-politique avec à la fois talent et rigueur, tout en sacrifiant à la mode du "prequel". C'est bougrement bien fait, et l'on se prend à regretter ces truands à l'ancienne qui sont (peut-être) aujourd'hui devenus les bras musclés de ceux en col blanc.
On en parle : Lire n°434
Nominations :
Prix Landerneau Polar 2015
Prix Polar Michel Lebrun 2015
Citation
Écrire l'Histoire, c'est savoir ménager l'oubli.