Illusions fatales

Depuis une dizaine d'années, elle voyait débarquer des jeunes loups tout juste sortis de l'école qui rêvaient de faire carrière à la criminelle. La plupart étaient plutôt brillants, ils avaient cependant une image galvaudée du quotidien de leur métier. Abrutis de séries pour la plupart américaines, ils se voyaient en profilers allant de crime en crime à bord d'un jet. Pour Jade, criminologue depuis quinze ans, c'était surtout beaucoup d'heures d'analyses, de statistiques, de probabilités et de lectures d'études psychologiques.
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Roman - Policier

Illusions fatales

Psychologique - Social MAJ vendredi 20 mars 2015

Note accordée au livre: 2 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21 €

Rachel Abbott
Only The Innocent - 2013
Traduit de l'anglais par Maud Ortalda
Paris : Belfond, novembre 2014
448 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-7144-5485-0
Coll. "Noir"

50 nuances de gris noir

Les illusions ont pour but de nous montrer nos fantasmes et de nous faire douter de la réalité. C'est le cas pour la société en général : lorsque Sir Hugo Fletcher est retrouvé mort, on pense à une crise cardiaque. Mais des détails bizarres montrent qu'il s'agit en réalité d'un meurtre. Du coup, on s'interroge sur la vie de ce milliardaire philanthrope, et des zones d'ombre ne tardent pas à apparaitre - lentement mais sûrement. Les illusions touchent aussi les individus en particulier. Prenez Lady Laura, l'épouse de ce brave Hugo Fletcher. Elle semble bien plus perturbée par la venue d'une ancienne camarade de classe (avec laquelle elle a rompu) que par la mort de son cher et tendre mari. Le roman va donc osciller entre ses deux situations : une enquête menée lentement, pour dénouer les fils et essayer de comprendre la personnalité de Sir Hugo Fletcher, bienfaiteur discret mais dont les œuvres de charité pourraient cacher bien des turpitudes, et un échange épistolaire (jamais envoyé) entre Laura et son amie.
Le ressort policier plus classique est si ténu qu'il tiendrait sur un timbre poste, et il faudra que les coupables avouent leur crime pour que l'on comprenne la façon dont ils ont procédé. Cette intrigue est si légère que pour "améliorer" le suspense, Rachel Abbott ajoute une sous-intrigue : le mort venait de séquestrer une nouvelle proie, et celle-ci risquait de mourir si rien n'était fait. Mais avec cet élément, la sauce ne prend pas du côté du dynamisme. Tout l'intérêt de ce roman tient justement dans la deuxième intrigue, plus individualiste, celle de la description de l'intérieur d'une jeune femme qui, peu à peu, tombe sous le charme d'un homme. Or cet homme se révèle être un pervers qui va par délicats coups de griffe se livrer à un harcèlement moral intense sur sa femme. La lente et tranquille prise du pouvoir psychologique, à coups d'interdits moraux, de codes sociaux, d'abaissements feutrés est rendue avec soin, vu à travers les yeux d'une jeune femme qui ne comprend pas forcément ce qui lui arrive.
Du coup, avec également la tension amoureuse qui naît entre le policier chargé de l'enquête (lui aussi embringué dans une histoire de pouvoir avec son ex-femme), Illusions fatales lorgne plus facilement du côté des éditions Harlequin (même si celles-ci ont une sous-collection policière) que dans la catégorie "disciple d'Ellroy".

Citation

Je trouve que l'idée de dormir avec une autre personne toutes les nuits assez détestable. Et, bien entendu, je ne crois pas que partager une salle de bains soit favorable à une relation maritale heureuse et active.

Rédacteur: Laurent Greusard vendredi 20 mars 2015
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