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Le Garçon qui ne parlait pas
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Gabriella Zimmermann
Paris : Calmann-Lévy, février 2015
284 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-7021-5452-6
Actualités
- 04/07 Librairie: Sélections de l'été 2015 de la librairie Compagnie
Cela ne vous aura sûrement pas échappé mais c'est l'été. Et avec l'été, les différents magazines littéraires, les suppléments des quotidiens, les blogs et les sites de librairie y vont de leurs sélections de l'été. Eh oui, car la saison - comme toutes les autres, d'ailleurs ! - est propice à la lecture, cette fois-ci farniente. Et quoi de mieux, si l'on n'a absolument pas envie de réfléchir, de reposer ses neurones, que de lire des romans policiers ? L'ironie des propos ne vous aura pas échappé, et en ce qui concerne les sélections de la Librairie Compagnie (58, rue des Écoles - 75005 Paris. Tél. : 01.43.26.45.36), certains ouvrages - on pense à ceux parus à la "Série Noire" de Thomas Bronnec, D.O.A. et Dominique Manotti ou à Après la guerre de Hervé Le Corre chez Rivages - vont véritablement à l'encontre de cette littérature de gare ayant débarqué à la plage. Et puis surtout le très conséquent Hérétiques de Leonardo Padura présent dans la première sélection, la seule à être réduite à quatre titres, dont deux de littératures policières. La seule sélection intéressante car mêlant tous les genres et obligeant de par son nombre réduit à faire des choix personnels. Sinon, les grands formats et les poches sont en nombre conséquent (treize et vingt-huit) ce qui peut déconcerter - d'autant plus qu'il est difficile d'y voir une cohérence (hormis l'affection pour Peter May), mais il faut viser un large public. Quoi qu'il en soit, ces sélections remettent certains ouvrages en avant (et nombre d'entre eux sont sur k-libre. Ne boudons pas ce plaisir. Bon été !
Les Livres de l'été :
- Pour que tu ne te perdes paq dans le quartier, de Patrick Modiano (Gallimard, "NRF") ;
- Hérétiques, de Leonardo Padura (Métailié) ;
- Les Initiés, de Thomas Bronnec (Gallimard, "Série Noire") ;
- 1177 avant J.-C. : le jour où la civilisation s'est effondrée, d'Eric Cline (La Découverte).
Romans policiers grand format :
- Les Nuits de Reykjavik, d'Arnaldur Indridason (Métailié, "Noir") ;
- Retour à Watersbridge, de James Scott (Le Seuil, "Policiers") ;
- Les Initiés, de Thomas Bronnec (Gallimard, "Série Noire") ;
- Temps glaciaires, de Fred Vargas (Flammarion) ;
- Dans la ville en feu, de Michael Connelly (Calmann-Lévy, "Robert Pépin présente...) ;
- Les Ombres de Katyn, de Philip Kerr (Le Masque, "Grand format") ;
- Or noir, de Dominique Manotti (Gallimard, "Série Noire") ;
- La Violence en embuscade, de Dror Mishani (Le Seuil, "Policiers") ;
- La Chasse au trésor, de Andre Camilleri (Fleuve, "Noir") ;
- Perfidia, de James Ellroy (Rivages, "Thriller") ;
- Pu-Khtu Primo, de D.O.A. (Gallimard, "Série Noire") ;
- La Fille du train, de Paula Hawkins (Sonatine) ;
- Le Garçon qui ne parlait pas, de Donna Leon (Calmann-Lévy).
Polars en poche :
- Citoyens clandestins, de D.O.A. (Folio, "Policier") ;
- L'Homme de Lewis, de Peter May (Babel, "Noir") ;
- L'Île des chasseurs d'oiseaux, de Peter May (Babel, "Noir") ;
- Le Braconnier du lac perdu, de Peter May (Babel, "Noir") ;
- Nous cheminions entourés de fantômes aux fronts troués, de Jean-François Vilar (Points, "Romans noirs") ;
- Délivrance, de Jussi Adler-Olsen (Le Livre de poche, "Thriller") ;
- Yeruldelgger, de Ian Manook (Le Livre de poche, "Policier") ;
- Ceux qui tombent, de Michael Connelly (Le Livre de poche, "Policier") ;
- Prague fatale, de Philip Kerr (Le Livre de poche, "Policier") ;
- Pain, éducation, liberté, de Pétros Márkaris (Points, "Policier) ;
- Journal 1966-1974, de Jean-Patrick Manchette (Folio) ;
- Police, de Jo Nesbø (Folio, "Policier") ;
- Black-out, de John Lawton (10-18, "Domaine policier") ;
- Les Douze enfants de Paris, de Tim Willocks (Pocket, "Thriller") ;
- Les Impliqués, de Zygmunt Miloszewski (Pocket, "Policier") ;
- Trois cercueils se referment, de John Dickson Carr (Le Masque, "Masque jaune") ;
- Meurtre à Tombouctou, de Moussa Konaté (Points, "Policiers") ;
- Je suis pilgrim, de Terry Hayes (Le Livre de poche, "Thriller") ;
- Le Duel, d'Arnaldur Indridason (Points, "Policiers") ;
- La Sirène, de Camilla Läckberg (Babel, "Noir") ;
- Après la guerre, de Hervé Le Corre (Rivages, "Noir") ;
- Deux veuves pour un testament, de Donna Leon (Points, "Policiers") ;
- Une disparition inquiétante, de Dror Mishani (Points, "Policiers") ;
- Au service surnaturel de sa majesté, de Daniel O'Malley (Pocket, "Thriller") ;
- La Disparue d'Angel Court, de Anne Perry (10-18, "Grands détectives") ;
- Dragon bleu, tigre blanc, de Qiu Xiaolong (Points, "Policiers") ;
- Le Sceau du diable, de Peter Tremayne (10-18, "Grands détectives") ;
- D., de Robert Harris (Pocket, "Thriller).
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Délaissement de la vie
Un roman policier met en scène un policier qui enquête sur un crime et qui tente de découvrir le coupable. Dans le nouveau roman que Donna Leon consacre au commissaire Brunetti, nous avons bien un policier, déjà connu des lecteurs du genre qui, de manière nonchalante, entre deux discussions avec son épouse, passe à son bureau et cherche les assassins. Nous avons également un mort : un jeune homme muet et attardé mental retrouvé décédé après une absorption de somnifères. Les médicaments ressemblaient à des smarties alors les pistes sont multiples : suicide, intoxiquation, crime maquillé... Le mystère vénitien commence sur ce doute qui, peu à peu, se double d'un autre. S'il y a bien un cadavre, que tout le monde est bien d'accord pour assurer qu'il s'agit de ce jeune homme, pourquoi ne trouve-t-on nulle part de documents administratifs qui prouveraient son existence ? Comme l'on navigue à la fois dans un début d'automne sur la lagune de Venise et dans les pénombres des secrets de famille, tout est brumeux, alourdi et ralenti. Les êtres se déplacent lentement, les phrases qui peuvent faire avancer l'intrigue tombent au compte-gouttes, des intrigues secondaires peu enthousiasmantes, voire ordinaires - y a-t-il de la corruption pour laisser le fils du maire poser des tables sur la voie publique devant son magasin ? -, se multiplient.
Le commissaire Brunetti n'a jamais été un foudre de guerre prompt à sortir son arme à feu et à courir après les gangsters ou les jeunes femmes de petite vertu. Il savoure sa "petite vie" avec ses deux enfants, son épouse et la joie de baguenauder dans les rues de Venise. Dans cet épisode, l'on sent tout le poids historique de la ville, la pesanteur des brouillards qui peu à peu engluent les rues après le départ des touristes, la lourdeur des familles historiques qui hantent ou survivent dans les derniers palais et veulent à tout prix préserver un univers qui s'effrite et s'enlise aussi vite que la ville elle–même. C'est une sorte de Maigret au ralenti dont le charme peut naitre justement de ce choix de lenteur.
Bien évidemment, le lecteur a sans doute compris depuis le début quel secret cache le mort, quel poids fataliste pèse sur cet attardé mental. Mais l'intérêt peut résider dans ce long decrescendo, cette symphonie qui s'étouffe lentement en sourdine, dans le plaisir pris dans une série qui amenuise de plus en plus son intrigue jusqu'à l'épure. Mais Le Garçon qui ne parlait pas s'apprécie surtout dans la continuité d'une série, et cet opus est plus ou moins réservé aux inconditionnels de Donna Leon.
On en parle : Lire n°434
Citation
Il sortit ses lunettes de lecture de sa poche et les chaussa ; c'était le meilleur moyen d'étudier ces lignes magiques qui captivaient le regard du spectateur avec la force d'un aimant.