On ne joue pas avec le Diable

Héloïse, Mme Saadi vient de t'appeler. C'est lui. Elle a identifié Dylan Samake comme son agresseur sur la planche photo. Et Laura a répondu à ton courriel. Elle l'a reconnu aussi. Il faut que tu préviennes tes collègues, que tu envoies la cavalerie chez Caroline Hazan. Pourvu qu'elle n'ait pas réussi à le faire partir de chez elle. Pour une fois, l'inefficacité de la justice pénale en matière de violences conjugales aurait du bon.
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Roman - Noir

On ne joue pas avec le Diable

Psychologique - Social MAJ mercredi 01 avril 2015

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 17,5 €

Patrick Mosconi
Paris : Calmann-Lévy, janvier 2015
262 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-7021-5602-5

Les lésions dangereuses

Un vieux proverbe signale que si l'on doit manger avec le diable, il vaut mieux se munir d'une grande cuillère. Difficile de prendre de la distance quand ce qui se trame se joue au niveau des peaux et du désir. C'est ainsi que ce roman de Patrick Mosconi raconte quatre personnages qui se livrent à différentes variantes du marivaudage. Il y a d'abord un couple formé de Rachid et Elena. Ils sont diablement amoureux l'un de l'autre, et justement cela tarabuste Rachid. Lui est depuis longtemps chargé de faire le chauffeur pour Michael, un riche homme d'affaires, qui est cynique et qui ne manque de séduire des femmes qu'il envoie comme preuve de la duplicité du monde dans le lit de Rachid. Si auparavant cela amusait Rachid, il est bien embêté à présent qu'il est amoureux. Et Rachid a le malheur d'en parler à Elena qui alors décide de devenir la prochaine "victime" de Michael. Usant d'un subterfuge, elle s'introduit dans leur mécanique bien huilée. Mais, en entamant le jeu de la séduction avec Michael, les choses se compliquent car que se âsserait-il s'ils tombaient amoureux l'un de l'autre, le tout sous les yeux de Rachid ? Ce jeu de perversité mentale, de marivaudage psychologique, pour être parfait a besoin d'un œil extérieur. Ce sera celui d'un inspecteur de police, chargé de surveiller, voire de protéger Michael. Un regard extérieur, qui ne comprend pas toujours tout mais qui permet de recentrer régulièrement le propos.
Les thèmes du roman de Patrick Mosconi renvoient à des univers qui se répondent : le monde des affaires, véritable jungle, est le domaine où excelle Michael. Mais c'est également un grand bluffeur au poker (d'ailleurs c'est par une scène de ce jeu que s'ouvre le texte) et, au fil de la narration, l'on ne saura jamais ce qu'il a exactement compris des autres protagonistes, comme s'il était aussi fort que le romancier ou que Dieu, et qu'il connaissait par avance les cartes qu'ont en main les autres personnages. Peut-on aussi tricher avec les sentiments et, pire encore, avec la mort ? Chaque personnage, en se frottant aux fêlures des autres met à nu ses propres lésions, ses propres manques ou envies.
Récit éminemment psychologique qui s'offre des rebondissements intelligents, qui présentent des personnages dessinés avec soin, crédibles, dans un jeu de relations complexes, On ne joue pas avec le Diable est un roman noir sur les relations humaines, sociales, les relations de dépendance, de puissance, développées par petites touches fines, servie par une écriture classique et sensible.

Citation

Dire qu'il avait senti venir ces déferlantes serait presque faux, affirmer le contraire serait tout aussi exagéré.

Rédacteur: Laurent Greusard mercredi 01 avril 2015
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