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Rétro police
On l'a assez souligné, le genre "dur-à-cuire" fait son grand retour mais, avec ce roman, on a l'impression de voir défiler un demi-siècle d'histoire du genre : des "Série noires" du début avec leurs carrousels de truands, de prostituées, de flics et d'indics ponctuées d'argot de vrais de vrais, glissant vers les films sévèrement burnés des années 1970 où s'illustraient Alain Delon, Jean-Paul Belmondo et autres Lino Ventura (du genre de ceux que la kritik salonnarde pas salée vomissait pour pleurer des larmes de crocodiles sur leur disparition aujourd'hui) ou les collections populaires genre "Spécial Police", lorsque le polar était encore un "mauvais genre", pour évoluer tout naturellement vers l'œuvre actuelle d'un Olivier Marchal et les séries (plus ou moins) réalistes comme Braquo. Certes, les dealers des técis remplacent les mafieux traditionnels d'antan (cependant on trouve un Corse, l'honneur est sauf), mais dans cette histoire de casseurs de fourgons, le comportement et les intrigues restent les mêmes. Avec cependant un léger détail : les loups blessés du titre sont des deux côtés de la barrière de la légalité. Il y a tout d'abord Matteo Astolfi, le criminel, et ensuite Renan Pessac, le commissaire. Les deux hommes sont évidemment amenés à se rencontrer, mais... Pour son premier roman, l'auteur Christophe Molmy enfile les archétypes génériques comme des perles avec aplomb, prenant le genre à bras le corps sans pseudo-commentaire post-moderne ou dédain, jusqu'à une conclusion certes prévisible, mais bien sentie. Le tout dans un langage sec mais efficace (malheureusement sans descriptions d'ambiance) digne d'un roman de Gilles Vincent. Pour pinailler, on regrettera juste quelques facilités qui font presque sortir du récit - la fameuse "odeur de cordite" plusieurs fois répétée, tarte à la crème de l'auteur débutant — la cordite n'étant plus utilisée depuis longtemps, ou le fait que le butin ne semble faire l'objet d'aucune protection interne alors que le jet d'encre est fait pour ça), mais l'ensemble, qui n'étire pas inutilement son propos, est si bien rythmé qu'on pardonne les quelques scories inévitables dans un premier roman. La route est balisée, mais on la parcourt avec plaisir, et l'auteur réussit son examen d'entrée...
Citation
Après le perte de son innocence, la patience est la première vertu qu'on acquiert en PJ. L'attente interminable avant qu'une porte ne s'ouvre ou qu'une voiture démarre enfin. Au fil des années, les heures de planque finissent par rythmer le quotidien, mais c'est l'espoir d'une interpellation et la dose d'adrénaline qui va avec nourrit la persévérance.