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Grand format
Inédit
Tout public
216 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-8126-0744-8
Coll. "Noir"
Un pépin dans la grosse Pomme
Le 11 septembre 2001, on s'en souvient, il s'est passé quelque chose de terrible à New York. Quelque chose comme un nouveau Pearl Harbor, mais avec deux avions seulement et des islamistes à la place des Japonais. Pour la deuxième fois dans son Histoire, l'Amérique a été attaquée sur son territoire. La riposte a donné la guerre en Irak, et tout le beau merdier dont nous subissons encore les conséquences au Moyen-Orient.
Pourtant, une heure avant l'attaque des Twin Towers, tout allait pour le mieux dans la patrie de Washington, les affaires tournaient bien, Wall Street affichait de bons résultats et dans les tours jumelles on s'apprêtait à passer une bonne journée, qu'on soit homme d'affaires, jeune stagiaire ou simple femme de ménage. En fait, les Twin Towers résumaient à elles seules une certaine idée du cosmopolitisme ; les mauvaises langues diront plutôt : libéralisme débridé, mondialisation. Et qui dit mondialisation dit aussi... complotisme !
C'est plutôt dans cette ligne-là que s'inscrit le premier roman de Jean-Paul Chaumeil. Loin de nous cependant l'idée d'en faire un "agité du complot" et de confondre l'auteur avec ses personnages. Mais le complot et la dénonciation d'une certaine mondialisation étant en ce moment des thèmes très à la mode, pour ne pas dire tendancieux, il nous paraît bon de le rappeler.
Mais Ground Zero commence bien avant le 11-Septembre : dans les années 1980 plus précisément, quand la CIA, par le biais du réseau Gladio installé en Italie, fait la chasse aux communistes et instrumentalise l'extrême droite dans l'attentat de la gare de Bologne. Walter ou William, c'est le nom incertain du narrateur, est recruté pour exécuter un "idiot utile" qui a participé à l'attentat. Walter est un bon sniper, un habile exécutant qui sait se faire discret. S'il est employé par la CIA, les choses sont ainsi faites que son nom n'apparaît nulle part. Pratique connue, et pas seulement "romanesque" pour ceux qui s'intéressent aux services secrets. De fil en aiguille et de contrat en contrat, voilà qu'un beau jour notre cher Walter (ou William ) se retrouve le 11 septembre 2001 pour tuer un type et récupérer une mallette très précieuse... Mais la tour où il se trouve se met à trembler tout à coup... William (ou Walter) trouve quand même le moyen d'honorer son contrat et de s'enfuir avec la mallette, avec des types à ses trousses qui veulent aussi la récupérer. Plus tard, dans une église, notre agent blessé ouvre ce qui semble ressembler à une boîte de Pandore : à l'intérieur, une liasse de papiers ultra-secrets, a priori incompréhensibles pour quelqu'un qui n'est pas initié au monde de la finance et du grand truandage international...
C'est à ce moment-là que nous retrouvons le thème du complot dont je parlais plus haut. Il semblerait que des gens haut placés dans la finance aient délibèrément voulu détruire les tours afin de provoquer une baisse des cours à Wall Street et emporter un beau magot grâce à la vente des valeurs... Traduction (romanesque) : si les États-Unis se retrouvent au bord du chaos, c'est qu'ils l'ont bien cherché, non ? Tout ça à cause de la finance internationale ! Exit Mohammed Attah et sa bande d'illuminés financés par les Saoud, et qui ont voulu la perte des USA... (Thèse, elle, quasiment officielle, qui circule au Congrès aujourd'hui, dont les documents attendent d'être déclassifiés...)
On l'aura compris sans doute : je n'ai pas trop aimé le livre de Jean-Paul Chaumeil à cause de ce parti-pris anti-américain et... typiquement français ! Une démocratie libérale, même pourrie jusqu'à l'os et dominée par la CIA (mais je n'aime pas non plus ce cliché) me paraîtra toujours préférable à une bande de fanatiques animée par une pulsion de mort. Pour le reste, le livre de Jean-Paul Chaumeil se défend très bien : style haletant, confessions réalistes, documentation au poil concernant les méthodes du renseignement. Mais bon, depuis Charlie, je commence à en avoir un peu marre de ces bouquins qui font des États-Unis le pays où tous les coups tordus sont possibles. Et si on regardait vers Poutine à présent, et son conglomérat militaro-industriel ?
Citation
Pourtant, tout avait bien commencé. J'aime New York en automne, septembre y déploie un ciel bleu et pur et les journées ne sont pas trop longues.