Un parfum de soufre

L'humanité qui se roule dans la boue et se complaît dans la fange. L'humanité qui s'avilit pour mieux se repentir. L'humanité qui rampe et qui enfante les monstres qui la dévorent. Celle qui supplie les dieux, puis qui crache sur les cieux.
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Roman - Policier

Un parfum de soufre

Politique - Social - Urbain - Procédure MAJ mardi 21 avril 2015

Note accordée au livre: 3 sur 5

Poche
Inédit

Tout public

Prix: 9,9 €

Sylvain Forge
Paris : Le Toucan, janvier 2015
394 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-8100-0622-9
Coll. "Toucan noir poche"

Voyage au centre de la ville

Le titre de ce nouveau roman de Sylvain Forge s'affirme comme une réminiscence de la série créée par Gaston Leroux avec pour personnage principal le journaliste Rouletabille. D'ailleurs, Un parfum de soufre débute lui aussi avec un crime mystérieux - un meurtre en chambre close aux relents étranges. Une vieille dame a brûlé dans son lit, mais ni sa chambre de la maison de retraite, ni son lit, n'ont pris feu et, qui plus est, la porte était fermée à clé de l'intérieur. Les références littéraires continuent car le récit se déroule dans la périphérie nantaise, là où vécut Jules Verne. Comme la morte était d'origine indienne et veuve, il pourrait s'agir de certains de ses compatriotes qui seraient venus lui "offrir" une crémation de veuve vivante, ce qui fut raconté dans un célèbre Tour du monde en quatre-vingts jours. Le mystère s'épaissit alors que l'enquête, confiée à la capitaine Isabelle Maillet de la Brigade criminelle dont la mère est elle aussi pensionnaire de la maison de retraite. Un autre pensionnaire de cette maison est un ancien résistant et déporté qui sait des choses mais est sous la surveillance d'une bien sadique infirmière au passé suspect. Pourquoi les morts non élucidées ponctuent sa carrière ? Pourquoi le directeur l'a-t-il embauchée ? Quel rapport pourrait-il y avoir avec les agissements d'une bande de malfrats de l'ex-Yougoslavie qui se répandent en ville et qui sont en train de réorganiser à leur profit le monde criminel de la région nantaise ?
Un parfum de soufre, qui est la continuité de La Trace du silure, est de facture classique dans son intrigue et son déroulement. D'un côté nous suivons la routine policière pour démonter les fils des meurtres et autres joyeusetés qui font le quotidien poisseux d'une brigade policière, et de l'autre nous nous intéressons aux interactions que le métier provoque avec la vie privée des protagonistes. Par delà, c'est la description de la région nantaise, entre ses friches industrielles en déroute, son musée Jules Verne (au sous-sol bien étrange) et sa vie politique qui entend concilier développement économique et calme social, même si cela empêche la résolution des énigmes. En effet, comment enquêter sur une "chaîne" de maisons de retraite privée qui est une bouffée d'oxygène dans le tissu économique local, sans troubler les instances politiques et le préfet ? C'est osciller entre les quartiers chauds et les prostituées africaines (après Nantes été comme Bordeaux, une grande ville négrière de négoce ), et des milieux plus huppés.
Présentation intéressante d'une équipe policière, ancrage régional intelligent, style classique et intrigue construite avec soin, avec Un parfum de soufre Sylvain Forge sans révolutionner le genre mais pose une brique supplémentaire dans la construction d'une série (qui débute) de bonne qualité.

Citation

À Nantes, c'était l'hiver. Un brouillard dense recouvrait le quai des Antilles. Les Anneaux de Buren - symboles du passé négrier de la ville - perçaient la brume du petit jour.

Rédacteur: Laurent Greusard lundi 20 avril 2015
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