Voici le temps des assassins

Son visage s'est transformé en pâte à beignet, avec des morceaux de charbon pour les yeux et des bâtonnets pour la bouche. Quelque chose de merveilleux et d'étrange s'est alors produit : la porte s'est ouverte, le sergent Bird, de la police de l'État des New York est apparu.
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Roman - Noir

Voici le temps des assassins

Politique - Braquage/Cambriolage - Vengeance MAJ jeudi 23 avril 2015

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 18,5 €

Gilles Verdet
Paris : Jigal, février 2015
232 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 979-10-92016-32-1
Coll. "Polar"

Ni langueur ni monotone

L'art tisse des liens entre les périodes et les êtres. On peut vivre aujourd'hui et avoir en tête, tournoyant et améliorant l'ordinaire, des vers de Rimbaud ou de Verlaine. L'histoire ouvre des perspectives entre les époques et les populations. C'est ainsi que la commune de Paris a été une période pendant laquelle certains ont tenté d'imaginer de nouvelles formes de gouvernance, de relations entre les gens. Mai-68 aussi, soit sur les barricades, soit en partant tenter l'aventure des communautés ouvertes. Mais la forme poétique de Rimbaud l'a poussé à fuir et devenir trafiquant d'armes à l'autre bout du monde, à confronter sa vision littéraire des bateaux ivres à la réalité de vieux cargos sur lequel il délire, unijambiste. Mai-68 a également été l'occasion pour un groupe de néo-ruraux de réfléchir à l'idée que l'art se doit d'être fait par tous et finalement à l'idée, un peu étrange, qu'il faut plutôt réaliser un autodafé des livres. De toutes ces utopies, ces rêveries, que reste-t-il en nos périodes tourmentées ? Peut-être le goût de cultiver l'amitié ?
En tout cas, c'est sans doute ce que pense Paul lorsqu'il accepte d'aider Simon. Simon est un flic, un peu borderline qui va bientôt mourir en laissant des dettes car il joue au poker. Aussi, pour assurer la vie de la future veuve de Simon, Paul va l'aider à réaliser le hold-up d'une bijouterie, sous la houlette de Bernard, metteur en scène et ami des deux. Mais un deuxième gang a la même idée au même moment, et Simon est abattu... Paul s'enfuit et, quelques jours plus tard, c'est Bernard qui est abattu à son tour. Paul lui-même est victime d'une tentative d'attentat. Or les assassins tuent leurs victimes en citant des poètes comme Verlaine ou Rimbaud et en faisant des références à la Commune insurrectionnelle. Paul va devoir enquêter sur son propre passé pour comprendre qui se cache derrière cette hécatombe...
Voici le temps des assassins offre une intrigue dont la structure est de facture extrêmement classique avec quelqu'un qui cherche à se venger, mais qui sous couvert d'être une future victime - ne sait pas ou plus pourquoi. Ce quelqu'un doit donc revisiter son passé et celui de ses amis pour comprendre. Gilles Verdet crée en plus une fausse piste extrêmement crédible qui complique la tache. Mais c'est surtout par le style et la volonté d'écriture que le récit va densifier son ossature : en s'appuyant sur la Commune de Paris, sur le bouillonnement intellectuel des poètes de la fin du XIX siècle et notamment ces deux phares que furent Verlaine et Rimbaud. Il y a même des renvois très fins : Rimbaud est parti aux confins de l'Arabie, et les tueurs de Simon interviennent en burqa ; l'une des victimes est devenue patron d'un abattoir rappel à la fois des militaires "bouchers de la Commune" et des vers rimbaldiens évoquant les carcasses de viande !
L'intrigue de Gilles Verdet intègre donc ces éléments disparates historiques ou poétiques non pas comme des plaquages abstraits mais comme des pièces d'un puzzle, sans lesquels le roman serait incomplet. Les vers ponctuent avec justesse le récit, s'intègrent avec soin dans le récit et l'Histoire nourrit l'histoire.

Nominations :
Prix Polar Michel Lebrun 2015

Citation

Toi ? Mais toi, t'es déjà mort... Regarde-toi ! Ta femme s'est barrée. T'es à demi-alcoolique... Tes amis sont morts... et t'es mouillé à fond dans une histoire de hold-up sanglant...

Rédacteur: Laurent Greusard mercredi 22 avril 2015
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