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Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Julie Sibony
Paris : Sonatine, mars 2015
432 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-35584-320-4
Actualités
- 28/03 Revue: L'Express publie sa sélection des 12 polars à lire sans plus tarder
À la veille de l'incontournable manifestation littéraire Quais du polar à Lyon (rappelons au passage qu'il ne s'agit pas d'un quai, mais bel et bien de plusieurs et que le pluriel s'impose), L'Express nous révèle sa sélection par l'intermédiaire de Jérôme Dupuis, Éric Libiot, Marianne Payot et Delphine Peras. Le plus contradictoire dans cette sélection, est que le meilleur des ouvrages présentés n'est peut-être pas un polar (ni un roman noir, ni un thriller...), mais la biographie d'Elmore Leonard par Laurent Chalumeau ! Le romancier français, ancienne plume d'Antoine de Caunes à Canal+, n'a jamais caché son admiration pour l'un des meilleurs stylistes américains avide de détails sociétaux qui tuent. Placé dans la catégorie des auteurs de genre, celui qui avait eu le sacrilège d'écrire des romans western s'est éteint dernièrement. Laurent Chalumeau s'était déjà fendu d'un brillant article nécrologique dans la revue 813.
Sinon, force est de constater que cette sélection répond à deux critères. Premièrement, des romans classiques d'auteurs confirmés (Dominique Sylvain, Michael Connelly, Pascal Dessaint, Don Winslow) qui ont ou non leur place ici. Mention spéciale à Don Winslow dont le roman est assurément l'un des plus mauvais qu'il a écrits. Deuxièmement, des maisons d'édition ou des collections qui doivent être poussées en avant au nom - peut-être - de l'originalité avec là aussi une réussite variée. Ainsi Catherine Bessonart ("L'Aube noire") et Dolores Redondo ("Mercure noir") offrent des romans qui ne sont pas inintéressants du tout. Tout comme Thomas Bronnec et ses Initiés (mais la "Série noire" de Gallimard n'a pas besoin d'être mise en avant ; elle pourrait cependant concourir au prix de la couverture qu'il ne faut pas faire). On regrettera l'absence d'ouvrage des éditions Métailié (surtout, mais d'autres comme Asphalte auraient mérité de placer un titre cubain ou pas !).
Il y a beaucoup à dire sur les raisons et les pourquoi d'une sélection, voire d'un prix littéraire. Mais comme d'habitude, c'est à chacun de faire son choix (à partir d'autres choix ou non...). Dans le doute, demandez à votre libraire !
Sélection 2015 de L'Express des 12 polars à lire sans plus tarder :
- De chair et d'os, de Dolores Redondo (Mercure de France, "Mercure noir") ;
- Dans la ville en feu, de Michael Connelly (Calmann-Lévy, "Robert Pépin présente...") ;
- Elmore Leonard : un maître à écrire, de Laurent Chalumeau (Rivages, "Écrits noirs") ;
- Les Roses noires, de Jane Thynne (Jean-Claude Lattès) ;
- Les Réponses, d'Elizabeth Little (Sonatine) ;
- Aqua tumulta, de Pierre Caron (Recto verso) ;
- Une valse pour rien, de Catherine Bessonart (L'Aube, "L'Aube noire") ;
- L'Archange du chaos, de Dominique Sylvain (Viviane Hamy, "Chemins nocturnes") ;
- Le Chemin s'arrêtera là, de Pascal Dessaint (Rivages, "Thriller") ;
- Missing : New York, de Don Winslow (Le Seuil, "Seuil policiers") ;
- Coup de chaud à la Butte-aux-cailles, d'Yves Tenret (La Différence, "Noire") ;
- Les Initiés, de Thomas Bronnec (Gallimard, "Série noire").
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Strass et stress.
Lorsque l'on est né avec une cuillère en argent dans la bouche, il est difficile de se faire un prénom. Si l'on vient d'une famille industrielle ou politique, comme les Kennedy, l'on peut au moins gérer la situation familiale. Pour Janie Jenkins, tout est plus difficile. Fille de la fortunée Marion Elsinger, dont les origines et la vie sont mystérieuses, Janie a une trajectoire à la Paris Hilton. Lorsqu'elle se retrouve en prison, suite à la mort de sa mère (assassinat dont elle est accusée), elle se lie avec son avocat. À la sortie, voulant en savoir plus et désireuse de retrouver son père, elle entame un parcours vers l'Amérique profonde, dans une ville quasiment fantôme, anciennement cible de diverses ruées minières. C'est l'occasion de découvrir un monde foncièrement inconnu pour elle.
Ce premier roman d'Elizabeth Little va donc se focaliser sur ce double aspect : tout d'abord, une description un peu acerbe, de l'intérieur, du fonctionnement de ces people dont on ne sait pas exactement ce qu'ils sont, ni ce qu'ils font, mais qui occupent une grosse place dans les médias. De l'autre, le fossé culturel entre deux mondes qui s'ignorent et qui est présenté de manière intéressante. La virée de la bimbo (pas si bête que cela d'ailleurs) dans l'Amérique profonde et blanche des petites villes en déshérence est également décrite avec soin. Du coup, rendre compte de cette atmosphère, ponctuée de flashbacks car lors du meurtre de sa mère, Janie était dans un état second qui fait qu'elle ne sait exactement si elle était coupable, laisse au roman le temps de prendre son temps - une visite dans la ville fantôme où Janie découvre la chambre de sa mère et des détails sur son passé, les paragraphes sur la vie calme d'une ville endormie, sont des instants où le roman musarde, qui fait encore plus ressortir un final plus rapide où les fils se dénouent.
Roman de la recherche filiale, quête des origines dans cette Amérique schizophrène où disparaissent les éléments de la culture traditionnelle devant le bling-bling et les paillettes, Les Réponses est un roman de facture classique, aux accents discrètement policiers mais dont l'essentiel même réside plus dans cette itinéraire d'une jeune fille gâtée et paumée tentant de retrouver uen vérité enfouie. Une quête plus qu'une enquête.
Citation
C'est ça qui est bien, quand on fume. Même quand tout le reste vous échappe, quand tout est incertain, atroce, sinistre et injuste, l'espace de quelques instants dans une journée, vous pouvez au moins contrôler la vélocité de votre existence.