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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais par Isabelle Maillet
Paris : Presses de la Cité, mars 2015
496 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-258-11485-2
Coll. "Sang d'encre"
Actualités
- 28/04 Prix littéraire: Palmarès 2015 des Explorateurs du polar
Les absents ont toujours tort. Cette affirmation est fortuite mais absolument pas gratuite à l'heure d'écrire cette dépêche sur un phénomène actuel qui débouche sur des énormités. Que chacun y aille de sa sélection des meilleurs ouvrages lus passe encore. Mais que ceux qui veulent mettre en avant des ouvrages pour leurs qualités (d'intrigue et/ou littéraire) songent à ce que eux-mêmes écrivent. Ce mardi a ainsi été dévoilée sur le site Lecteurs.com une liste qui présente "parmi les meilleurs polars du moment, celui à ne manquer sous aucun prétexte". C'est écrit en gras dès la deuxième ligne. Seulement voilà plus bas on découvre les maisons d'édition partenaires. Et là le bat blesse quand il ne tue pas. Parce que tout benoitement il n'y a pas - et ça saute aux yeux - les éditions Rivages. J'entends déjà les grognons et les grincheux pour vitupérer comme quoi il n'y a pas que Rivages dans la vie du polar. C'est vrai. C'est entièrement vrai. Seulement, c'est un acteur incontournable de l'édition policière si ce n'est le premier. Donc un palmarès sans prendre en compte les parutions de chez Rivages c'est absurde. Et Rivages n'est absolument pas le seul absent du lot. Des taquins auraient pu noter l'absence des éditions Mirobole. D'autres mentionner Actes Sud, Calmann-Lévy, Le Cherche midi, Jacqueline Chambon, Belfond, XO, Critic, Michel Lafon, Robert Laffont, Stock ou Denoël (autant d'éditeurs absents de ces éditeurs partenaires, ouch, là aussi il y aurait des questions à se poser). Nous nous contenterons de souligner malicieusement* l'absence d'Albin Michel. Bref, tout ça pour que vingt-huit enquêteurs littéraires tendance Madame Michu accouchent d'un palmarès étrange, hétéroclite et hétérogène (avec son lot de consolation histoire que la quasi totalité des ouvrages soient cités à part ceux de chez Gallmeister et du Seuil qui à notre sens étaient parmi les meilleurs ouvrages de cette liste de vingt-cinq titres). Le truc se rattrape aux branches puisqu'il a été fait à l'occasion de Quais du polar. L'absolution n'a pas de prix mais un palmarès.
Palmarès des explorateurs du polar 2015 :
1. Révélée, de Renee Knight (Fleuve, "Fleuve noir") ;
2. Nid de vipères, de Edyr Augusto (Asphalte), Viscères, de Mo Hayder (Presses de la Cité, "Sang d'encre") & Le Dernier pape, de Luis Miguel Rocha (L'Aube) ;
6. Leçons d'un tueur, de Saul Black (Presses de la Cité, "Sang d'encre"), La Mer d'innocence, de Kishwar Desaï (L'Aube, "Polar"), Deux gouttes d'eau, de Jacques Expert (Sonatine), Terrible jeudi : le jour de l'innocence perdue, de Nicci French (Fleuve, "Fleuve noir"), La Ville des morts, de Sara Gran (Le Masque, "Grand format"), L'Ombre de Gray Mountain, de John Grisham (Jean-Claude Lattès) & Bioy, de Diego Trelles Paz (Buchet Chastel).
* Sont cités dans le corps de l'article Ian Manook et Maxime Chattam, deux auteurs de chez Albin Michel, qui sont mis en avant comme "des grands auteurs du polar et du thriller"...
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Mâle alphabet
L'inspectrice Valerie Hart est confrontée à un casse-tête avec une série de meurtres s'étendant sur trois ans et comptant sept victimes. Xander et Paulie, les meurtriers, viennent cependant de commettre leur première erreur car sur la scène de leur dernier crime, la jeune Nell a pu s'échapper dans la tempête et se réfugier chez Angelo, un ancien écrivain miné par la mort de sa femme. Pendant que Xander, furieux de cette erreur qu'il attribue à Paulie, veut se débarrasser de son complice, il enlève une nouvelle jeune femme. Hart, elle, tombe sur la photo d'une victime devant certaine maison où, vingt ans plus tôt, on a découvert qu'un enfant était martyrisé par sa grand-mère. Un jeune homme qui peut avoir grandi pour devenir un tueur, mû par le tableau alphabétique de sa grand-mère dont les objets ressemblent à ceux qu'il abandonne sur les cadavres...
Il faut croire que le succès immérité de la romancière américaine Lisa Gardner donne des idées à certains... Ce thriller industriel présente exactement le même genre de protagoniste typique des séries téloche, sans personnalité si ce n'est son penchant pour la boisson, le même style factuel ronronnant où tout est décrit sur le même plan, sans crescendo, ni point d'orgue. Quant au coupable, il semble sorti du Tueur en série pour les nuls (comme le cite un personnage), tuant parce qu'apparemment c'est ce que fait tout enfant martyrisé digne de ce nom avec un fétichisme alphabétique démodé un demi-siècle après le film La Fille qui en savait trop du réalisateur italien Mario Bava ; inutile de dire qu'il se fait prendre en commettant une erreur de débutant... De plus, sa relation avec Paulie, potentiellement intéressante, est à peine développée à part quelques platitudes sur le "mâle alpha" si bien que l'on ne voit guère quel ascendant il a sur lui. Et le tout se termine arbitrairement une fois le nombre de pages requis atteint. Comme Lisa Gardner, Saul Black laisse passer quelques jolies pages (une faute d'inattention, sans doute), notamment le portrait d'Angelo l'écrivain miné par le deuil ou les visions délirantes de son tueur, prouvant qu'il pourrait parfaitement faire mieux. Il faut croire que l'attrait des sirènes de la facilité, ouvrant la voie des têtes de gondole, était plus forte. Nous ne sommes pas au niveau d'un Top class killer de sinistre mémoire, mais c'est tout de même bien léger...
Citation
L'envie de lire avait disparu en même temps que celle d'écrire. La lecture et l'écriture sont les preuves qu'on s'intéresse encore au monde, qu'on éprouve encore de la curiosité, qu'on a encore envie de s'impliquer.