Contenu
Le Monde caché d'Axton House
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais par Paul Benita
Paris : Super 8, avril 2015
460 p. ; 20 x 14 cm
ISBN 978-2-37056-024-7
X-Believer
Ce premier roman d'Edgar Cantero fait référence plusieurs fois aux aventures déjà anciennes des agents du surnaturel Fox Mulder et Dana Scully dans la série X-Files : aux frontières du réel. Il y a un côté logique dans cette filiation, surtout dans les épisodes, et il y en a plus d'un, où les scénaristes ne sont pas forcément pris au sérieux et ont gentiment joué avec les codes du roman cryptique, du complot et des méchants en tous genres. Prenons simplement pour exemple que le dernier occupant des lieux, Ambrose Wells, s'étant jeté par la fenêtre pour se suicider et ainsi échapper à des fantômes, une jeune fille qui est la garde du corps muette du nouveau propriétaire, s'empresse d'installer une piscine sous les fenêtres au cas où les fantômes pousseraient le nouvel occupant à se jeter lui aussi. Et cela fonctionne !
L'histoire commence comme une simple histoire traditionnelle de maison hantée. L'héritier vient s'installer dans les lieux et tente de comprendre pourquoi son oncle s'est tué. Elle devient rapidement autre chose avec des messages codés qu'Ambrose a concocté à l'intention d'un mystérieux groupe d'amis qui poursuivent des recherches bien métranges. Puis le roman se dirige vers des boites magiques qui conserveraient des rêves, permettant de se les repasser indéfiniment. Ensuite, l'on parle d'une société secrète qui étudierait ces scènes qui ne seraient pas des rêves, mais des éléments du réel retranscrit par un esprit supérieur (ou extra-terrestre). Mais il faut également compter avec un traître dans la société secrète, des tueurs à gage, une tante lointaine qui se mêle de tout... et une relation ambiguë entre le nouveau propriétaire et sa jeune garde du corps.
Stylistiquement, le roman cahote lui aussi. Chaque partie ou extrait est écrite, non pas dans une style unifié mais en recherchant l'écriture qui répondrait le plus à ce qui est décrit. Si le début est de tonalité victorienne, dans un lignée d'un Henry James, avec majordome, maison hantée, héritier arrivant sur la pointe des pieds, la suite va multiplier les angles : extraits de textes scientifiques pour expliquer les points savants, journal intime des personnages, lettres ou cartes postales, (voire facture de la piscine qui servira à sauver le héros), retranscription de scènes vidéo ou audio lorsque les deux pieds nickelés à la X-Files décident de placer des caméras et des micros pour filmer les fantômes lorsque eux ne sont pas là !
Ce joyeux capharnaüm est retranscrit de manière virevoltante, primesautière, et l'on passe de l'un à l'autre avec rapidité, les rebondissements succédant aux rebondissements pour présenter un texte dans la lignée de ceux que proposent souvent les éditions Super 8 : des textes inclassables, bizarres, sur la corde raide entre expérimentation et ambiances farfelues, lointains cousins modernes et punkisants des textes éclatés de Denis Diderot (Jacques le fataliste) ou Laurence Sterne (Tristam Shandy) ou de certaines expérimentations de la littérature du XXe siècle. Parfois la sauce prend, parfois le lecteur y trouve bon goût. C'est le cas avec ce Monde caché qu'il était bien intelligent de dévoiler.
Citation
J'entends leur sang qui bout, sens leur chair qui rôtit, vois leurs squelettes carbonisés se disloquer aux genoux et s'écrouler, les crânes figés dans un hurlement de douleur, et j'espère bien qu'ils souffrent, ces cons.