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L'Étrange histoire de l'ours brun abattu dans les quartiers espagnols de Naples
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'italien par Nathalie Bauer
Paris : Liana Levi, mars 2015
218 p. ; 21 x 15 cm
ISBN 978-2-86746-769-1
L'homme qui a vu l'homme qui a vu...
Il y a des éléments qui sont tellement habituels de l'Italie que l'on pourrait presque les croire caricaturaux : une mère intrusive, un journaliste vitelloni et dilettante qui de faire de la copie pour de pauvres faits divers, la présence de la mafia qui est si prégnante que même l'absence de coups de feu est la preuve même de son implication et du silence des témoins qui ont entendu ces mêmes coups de feu mais qui doivent se taire, des policiers qui préfèrent étouffer les affaires pour sauvegarder la paix sociale et des combinazione. En revanche dans ce roman, des choses inaccoutumées surviennent. En effet, au plein milieu d'un quartier traditionnellement géré par la mafia, l'on découvre le cadavre d'un ours. Chose encore plus stupéfiante, il a été abattu comme s'il avait été victime d'un contrat de la Camorra. C'est l'occasion pour Tony Perduto, raté magnifique, qui multiplie les petits boulots pour survivre, d'écrire un bon article. C'est lui, après tout, qui a découvert l'ours. Aidé par une amie, Tony va mener son enquête pour comprendre ce qui a bien pu arriver. Mais à peine a-t-il commencé son travail que l'on met le feu à son scooter et que la police annonce que le meurtre de l'ours est lié à la mafia, et que c'est une sorte d'avertissement. Tony doute et continue malgré tout.
Cela permet à Antonio Menna de se servir de son intrigue pour évoquer une ville où il vit. Il connaît Naples sur le bout de sa langue : de ses hautes sphères qui organisent des fêtes privées obscènes jusqu'aux quartiers populaires auxquels Tony rend hommage dans ces articles - immigrés sri-lankais, vieilles personnes, enfants qui s'améliorent grâce au soutien scolaire, gens de peu. D'une ville en plein soleil, étouffante sous la chaleur à ses sous-sols, souterrains qui permettent la contrebande et servent de lieu des scènes finales, l'auteur sait rendre avec humour, les ambiances, la vitalité de la Cité. Le personnage central, coincé entre une amie à qui il n'ose avouer son amour, une mère possessive et un patron autoritaire, voit conté avec bonhomie ses heurs et malheurs.
À l'instar du titre à rallonge qui rappelle les succès de ces dernières années, sorte de fell good books, le roman offre une vision enjouée, à partir d'un événement tragique (et sans dévoiler la solution, la résolution est plus de l'ordre du pathétique que du policier pur) et réussit dans son mission : faire sourire le lecteur, et lui donner la pêche.
Citation
C'est ça, la Camorra. Quand elle tire, personne ne l'entend.