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Du danger de perdre patience en faisant son plein d'essence
Grand format
Inédit
Tout public
Roman d'évasions
Au départ, Pascal Martin est journaliste pour la télévision française. Dans le cadre de ses reportages, il a travaillé sur des sujets assez dissemblables même si le petit gauchiste qui sommeille en chacun de nous y verra des similitudes. L'un de ses sujets portait donc sur les prisons françaises et notamment celle de Fleury-Mérogis. Un deuxième évoquait les citadelles de la haute finance, les bastions avancés du capitalisme et ses croisés modernes que sont les traders. Il a ainsi accumulé une documentation précieuse. Il aurait été stupide de ne pas s'appuyer dessus pour essayer d'écrire un récit. Mais face à ces deux univers qui incitent à une écriture cynique, à des intrigues noires et violentes, l'auteur a refusé, justement, de jouer cette carte. Il a préféré leur donner une tonalité humoristique, tonalité qui l'attire depuis son premier roman, Le Trésor de Magounia (qui avait entre autre obtenu le prix Charles-Exbrayat).
Son intrigue découle simplement et logiquement de ces prémices. Victor Cobus, richissime trader, est écrivain à ses heures perdues. Un jour, il pète un câble dans une altercation routière et en s'enfuyant blesse lourdement celui avec lequel il se disputait. Mis en prison à Fleury-Mérogis, il découvre ce que peut être la vie infernale des détenus. Aussi, quand le directeur et les surveillants lui proposent un marché qui pourrait l'empêcher de tomber entre les griffes de Sid Juvénal, le chef occulte de la prison, Victor Cobus s'empresse d'accepter. Il faut dire que les services pénitentiaires se constituent une petite cagnotte et qu'ils entendent bien que ce brave Victor Cobus, en usant de ses talents de trader, va la faire fructifier. Tant qu'il donnera l'impression des les aider à améliorer leur retraite, le prisonnier ne risquera rien. Mais c'est compter sans Sid Juvénal, sans le père de Victor Cobus qui pense "récupérer" son fils, sans un avocat un peu margoulin, sans une fiancée nymphomane et surtout sans une crise boursière qui peut faire fondre rapidement les petites économies des geôliers...
Récit classique d'un pauvre humain, dépassé par le destin et qui tombe de Charybde en Scylla, Du danger de perdre patience en faisant son plein d'essence, tout en évoquant des éléments effrayants (la nuit et les cris en prison, les obsessions sexuelles, les passe-droits de l'administration, le délit d'initié, les traders cocaïnés) reste un texte primesautier et humoristique où les tentatives interminables de Victor Cobus pour s'extirper d'une situation où il s'enlise davantage sont autant de moments où l'on sourit. Ce n'est pas un chef d'œuvre mais cela pourrait servir à faire un téléfilm de qualité, touchant, sans avoir l'air, des sujets graves.
Citation
Quel arbitre plus qualifié qu'un gardien de prison pour juger de l'efficacité d'un avocat ?