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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais par Georges-Michel Sarotte
Paris : Presses de la Cité, mars 2015
272 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-258-11481-4
False grit
Le jeune Tom Walker, douze ans, a déjà beaucoup souffert avec la mort de sa mère. Il ne le sait pas encore, mais celle de son père approche à grands pas. Le paternel est commis voyageur pour Samuel Colt, mais son expérience il se l'est créée en vendant des lunettes. L'arme révolutionnaire propose en effet de tirer six coups sans recharger ce qui change des pétoires habituelles. Mais son succès passe par le grand Ouest, celui qui est férocement sauvage. Alors après des péripéties mineures, voire ordinaires, arrivent les majeures. L'une d'elle occasionnera la rencontre avec Thomas Heywood et sa bande de hors-la-loi, et va accoucher de mésaventures en cascade (dans le désordre : Strother Gore, le vieillard cannibale, William Markham, le directeur bigot d'un orphelinat et la sempiternelle menace qu'offre Thomas Heywood et sa terrible bande de bras cassés). Heureusement pour Tom Walker, il croisera la route du ranger Henry Stands avec qui il croisera le fer verbal. Dit comme ça, La Promesse de l'Ouest pourrait bien tenir son titre, mais... Robert Lautner n'est pas Elmore Leonard, encore moins Charles Portis. Son roman s'inspire grandement de True Grit avec un narrateur enfant qui impose à un adulte sa présence et ses actes. Seulement, s'il a troqué la chieuse Mattie Ross contre l'énervant Tom Walker, Robert Lautner a oublié en chemin style, épopée et lyrisme, ce qui est dommage pour un roman d'aventure. Le parti pris (incompréhensible) du narrateur âgé qui revient sur un épisode de son enfance est phagocyté dès le début. L'auteur tente de se mettre au niveau de son héros avec un regard naïf et il se confronte à ses propres idées préconçues. Le livre est truffé de généralités dites sur un ton péremptoire. D'amusant ça en devient très vite énervant. "Les gens sont comme ci, ils sont comme ça et patati et patatras." La structure se déglingue et ce n'est pas fini. Les événements qui ponctuent un retour à la civilisation sonnent faux. Pour un peu, on se croirait presque dans une mauvaise œuvre plagiat d'un Bilbo le Hobbit à la sauce western (surtout l'épisode Strother Gore dans une mine abandonnée aux mains d'un tueur d'enfant cannibale. Henry Strands est insaisissable, même pour le narrateur. Il fuit, il revient, il peste, il jure, l'autre fuit et lui revient. C'est un peu une relation d'amour sans sentiments et avec beaucoup de contraires et de contraintes. Et puis il y a des épisodes purement gratuits comme celui avec les Indiens qui sont là sans être là et qui au final n'ont aucune incidence sur l'intrigue, comme une bande de pétards mouillés. Et c'est bien ce qui ressort de ce roman à la syntaxe pour jeunes, voire très jeunes adultes (douze ans maximum, mais à l'époque on était adulte à cet âge-là c'est vrai). Les curieux iront voir du côté de la collection "L'Ouest, le vrai" dirigée par Bertrand Tavernier chez Actes Sud.
Citation
Si tu peux effrayer un homme, tu peux le battre. C'est pas ce que t'es capable de faire, c'est ce que tu risques de faire qui compte.