Contenu
Un assassinat de qualité
Poche
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais par Delphine Rivet
Paris : 10-18, mai 2015
360 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-264-05875-1
Coll. "Grands détectives", 4938
Mortes en crinoline
Toujours ches 10-18, voici donc le troisième titre inédit de la série "Ben & Lizz Ross" où l'inspecteur et sa femme ex-gouvernante sont (enfin) mariés et installés avec une jeune bonne un peu brouillonne. Comme dans les autres titres, ils prennent tour à tour la parole pour boucler cette nouvelle enquête dans les années 1860. Après Un intérêt particulier pour les morts, sur fond de magouilles immobilières autour de la construction de la gare St. Pancras, et La Curiosité est un pêché mortel qui aborde le thème du mariage forcé et du trafic de bébé, voici Un assassinat de qualité traitant de la montée en puissance de prédicateurs, du mariage de convenance, de la prostitution, thèmes récurrents chez Ann Granger.
Une nuit, dans un fog épais, l'inspecteur croise une prostituée terrorisée par le "Spectre", agresseur vêtu d'un linceul et d'un masque. Il apprend qu'une jeune et belle lady d'origine italienne a faussé la surveillance de sa gouvernante à la faveur du brouillard et s'est fait étrangler dans un parc. Parallèlement, Lizz découvre que sa bonne au cœur simple se rend en cachette aux sermons d'un prédicateur. Elle l'accompagne le lendemain. Une dame riche et une gouvernante de grande maison servent du thé et des petits gâteaux au peuple présent. Le lecteur comprend vite que la gouvernante de grande maison qui aide le trop beau prédicateur, est la même que celle qui chaperonnait la jeune lady étranglée à Green Park... Et voici, bouclés en une cinquantaine de pages, les tenants et les aboutissants du livre, son ambiance, son intrigue et ses sous-intrigues et tous les personnages ! Voilà une mise en place simple et claire.
C'est la plus grande qualité de Ann Granger. Elle privilégie une chronologie simple avec action directe et deux narrateurs personnages se partageant clairement l'enquête sans prises de tête documentaires mais avec des petites touches bien placées. Les deux points de vue des narrateurs Ross dynamisent le récit et permettent un resserrement de thématique sur les personnages symboles de Ann Granger. Ceux-ci sont vus comme suspects et témoins par l'inspecteur et comme membres d'une société inégalitaire par sa femme. La construction évidente de la romancière anglaise fait plaisir à voir à l'époque des gros pavés anglo-saxons. Et sa gestion des personnages secondaires, comme ici la prostituée Daisy revenant à des moments clés (début, milieu, fin) est impeccable. Même si, parfois, l'action fait défaut et que la fin n'est pas toujours à la hauteur, les romans d'Ann Granger sont des muffins légèrement beurrés de marmelade à déguster dans un bon fauteuil. Avec un thé à portée, bien sûr.
Citation
Son regard avait quelque chose de désinvolte et d'implacable à la fois. Elle me faisait songer à un chat s'amusant avec une souris.