Dawa

Elle avait répondu un peu trop vite, ce qu'elle regretta car ça donnait l'impression qu'il était impossible de l'aider. Pourtant c'était vrai : elle n'avait pas besoin d'aide. Elle voulait juste fermer les yeux et se réveiller seule.
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jeudi 21 novembre

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Roman - Policier

Dawa

Politique - Social - Terrorisme - Urbain MAJ lundi 15 juin 2015

Note accordée au livre: 3 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 8,8 €

Julien Suaudeau
Paris : Points, juin 2015
598 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-7578-4643-8
Coll. "Roman policier", 4117

Actualités

Salaud sans choix

A priori, on rêve plutôt de vivre tranquillement, d'obtenir un petit poste et de partager sa vie avec ceux qu'on aime. Prenez Assan, il a fait des études et est à présent professeur en faculté, à Paris. Pour les gens qui vivent autour de lui, il a une femme et un enfant. La vie pourrait être belle. Mais, c'est à l'inverse, un bouillonnement intérieur car il est le fils d'un "résistant" algérien qui a continué sa carrière de mercenaire après l'indépendance dans différents États arabes. Cet homme mourant et atteint d'Alzheimer est là, dans l'appartement d'Assan, comme un reproche permanent. Quant à la belle femme, c'est la veuve du demi-frère d'Assan, qu'il a épousé par devoir. Le couple vit un mariage blanc depuis des années... Assan a décidé de faire un coup d'éclat pour retrouver sa situation d'homme, d'homme indépendant, d'homme véritable : faire exploser six bombes dans les six gares parisiennes.
Face aux raisons individuelles, il y a les raisons d'État : les Américains qui sont au courant mais qui trouvent intéressant de compliquer la vie de leurs amis français, les différentes instances du gouvernement qui entendent jouer sur les peurs des citoyens, ceux qui profitent de l'occasion pour masquer leurs allégeance aux investisseurs qataris qui sont en train de mettre en coupe réglée le pays. Bien évidemment ces raisons d'État entrent en conflit, servent d'excuses, pour que chacun en profite pour tirer les marrons du feu - une femme politique trop indépendante est mise sur la touche, le Premier ministre et celui de l'Intérieur s'opposent et jouent les gros bras plus pour leurs carrières personnelles que pour la grandeur du pays, des policiers de services différents tentent de se piéger les uns les autres.
Ce premier roman de Julien Suaudeau est construit de manière intelligente, comme une série américaine sur différents protagonistes qui font avancer l'intrigue ou apportent des éclairages. Parfois, certains personnages se croisent, s'opposent (notamment, une rivalité très ancienne entre Assan et un policier, qui enfant, a vu ses parents égorgés par le père d'Assan). La galerie, parfois touffue des personnages secondaires, apporte son lot de touches de vérité : un conseiller du ministre, une jeune femme qui va se brûler les ailes en devenant revendeuse de drogue, un chef mafieux qui tient en main la cité où vit Assan et ses complices mais est fatigué d'être le parrain.
Construction habile, mélange entre actions et réflexions, détails pointus sur la politique, l'influence des milieux musulmans et financiers, éloignés du politiquement correct pour montrer comment, en parallèle, les gens sont dépassés par leurs problèmes personnels, englués dans des difficultés qui les dépassent et dans des politiques menés par des systèmes d'oligarques qui, dans les démocraties, cachent leur soif de pouvoir et d'argent sous des vocables généreux. Du coup, contrairement à des textes plus manichéens, la révolte d'Assan, ce besoin de détruire ou nettoyer la société, de purifier un univers que l'on estime trop injuste, est explicitée de manière compréhensible. Pas mal pour un premier roman !

Nominations :
Grand prix de la littérature policière - roman français 2014

Citation

Comme tous le défenseurs de l'ordre républicain, les obsédés de la laïcité, il court après le grand méchant loup sans voir que le vrai danger pour leur sacro-sainte sécurité nationale a le visage rassurant d'un médecin de famille.

Rédacteur: Laurent Greusard samedi 14 mai 2016
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