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Grand format
Inédit
Tout public
214 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-8104-1466-6
Coll. "Document"
Les dieux reconnaitront les leurs
Journaliste à Ça m'intéresse puis Ça m'intéresse Histoire - publications entre autres de Prisma Presse -, Véronique Chalmet réitérera-t-elle le succès de L'Enfance des dictateurs avec ce nouvel opus (même maquette, même éditeur) ? Sans doute pas car, même si, ici, l'enfance du fanatique est racontée, sa dimension romanesque est contrée par la dimension journalistique. La note d'intention de la quatrième de couverture promet pourtant "des portraits écrits comme des romans, qui mettent en scène des destins et des faits dont l'aboutissement est toujours fatal". Certes, le texte de chaque portrait est plus long que d'habitude, mais la documentation annexe sur la situation politique, sociale, historique et surtout religieuse nourrit suffisamment et ne laisse pas la place au romanesque.
C'est donc un ouvrage de vulgarisation historique que l'auteur nous propose, avec huit parcours "internationaux", une maquette originale qui emboîte le livre, un cahier de photos central, des notes judicieuses mais pas de bibliographie finale. L'auteur commence souvent par une scène choc, et travaille ensuite en flashback. Le style est efficace et certaines scènes très marquantes. Hasan Sabbah (1036-1124), dit "Le Vieux sur la Montagne" a fondé la secte des Assassins et posé les bases du terrorisme ; Tomas de Torquemada s'est lui hissé au plus haut niveau de l'Inquisition espagnole tandis qu'un autre dominicain du XVe siècle, Jérôme Savonarole, devenait le prédicateur halluciné de Florence. Mission divine pour François Ravaillac : tuer Henri IV et sauver la France. Il en est de même pour Heinrich Himmler (en couverture du livre), ordonnateur de la Solution Finale, disciple-frère d'Hitler dont la petite moustache en triangle était une adaptation. Le Gourou des Davidiens David Koreh meurt avec quatre-vingt-trois disciples "dont 21 enfants et 2 femmes enceintes" en 1993 à Waco, suite à un siège infernal tenu par les forces policières. Fidèle au dieu-empereur, le gradé japonais Hiro Onoda, va continuer sa guerre du Pacifique au sein d'une petite île pendant vingt-huit ans après la capitulation du Japon. Enfin, Mark Chapman, évangéliste, tue John Lennon en 1980.
Les données historiques sont assez denses pour certains et même parfois fastidieuses (surtout pour Chapman qui décroche le plus de pages dans le livre !), mais la rigueur de l'auteur emporte la mise. En fil rouge, on constate bien la prégnance de la religion comme motif de fanatisme, même si celle-ci est parfois "incarnée" par un mortel : Hitler, par exemple, ou l'Empereur du Japon.
Au final, on peut donc s'étonner de voir ainsi accolés Chapman à Himmler ou Ravaillac à Torquemada. C'est le choix de cet ensemble de portraits beaucoup plus subjectif que celui des dictateurs. Ainsi, le fanatisme ne se mesurerait pas à l'aune du nombre des victimes, ni à celle de l'aura politique mais à l'engagement plein et entier qui transcende l'individualité et la mort.
Citation
Le phénomène fanatique est vieux comme le monde - ou plutôt comme le culte religieux ou mystique.