Contenu
Poche
Inédit
À partir de 9 ans
46 p. ; 15 x 11 cm
ISBN 978-2-36474-702-9
Coll. "Petite poche"
Télé, médias et fait divers
Une prise d'otage dans une école à Orléans. Tout le monde en parle et partout : dans la rue, chez le boulanger, chez soi, avec les amis, la famille, les copains. Tout le monde sauf Victor. Sa maman, enceinte, est en effet fermement décidée à préserver autant que possible son fils en CM2 des actualités les plus tragiques qui monopolisent trop souvent les chaines de télévision et les ondes de la radio... Bon, d'accord, elle le protège aussi en lui faisant manger des produits bio, en surveillant de très près les programmes télévisés qu'il regarde (il n'y a pas de télé chez lui !), les jeux vidéo auxquels il joue, et surtout en le privant de portable ! Une maman très protectrice donc (qui a peut-être de bonnes raisons pour agir ainsi...), et un papa absent : encore cette année pour son anniversaire, alors que cette prise d'otage occupe tous les esprits, il ne sera pas là. Mais s'il avait une bonne raison lui aussi ?... Élèves de CM2, Victor et ses copains se sentent particulièrement touchés par cette prise d'otage qui concerne des enfants comme eux. Pas tellement loin de Paris, des écoliers sont menacés par des méchants inconnus mais effrayants et dont tout le monde parle. Et même s'il est encore jeune, le petit garçon comprend bien que chacun brode de conversation en conversation, voulant forcément surenchérir et en savoir plus que son interlocuteur. Il écoute ce que disent ses copains, ses voisins et espionne la télé de la voisine de l'étage inférieur en collant son oreille contre les tuyaux pour se tenir malgré tout informé et ne pas être exclu des conversations, et même des leçons puisque les professeurs en parlent en classe. Pourtant, Victor est persuadé que le négociateur, ce policier d'un genre très particulier, parviendra à sauver les enfants et leurs enseignants ; très bien informé sur les groupes d'intervention, il ne doute pas une seconde que tous les otages seront relâchés sains et saufs et que malgré les discours des plus pessimistes (car dans ces situations beaucoup pensent au pire d'emblée) tout finira bien.
C'est sur ce constat qu'est très bien articulé ce très court roman : lorsqu'un fait divers est relaté par les médias, puis relayés par tout le monde, les scénarios les plus horribles circulent, les informations sont rapidement dénaturées, les faits déformés, les décisions critiquées, les leçons données. Or, la plupart des adultes n'ont pas les connaissances, ni les éléments nécessaires à l'entière appréhension et compréhension de ces situations hors du commun ; et que dire alors des enfants qui sont très souvent laissés devant la télé, à la merci des images et des commentaires, agressés par des mots durs et effrayants, et qui n'ont pas le recul nécessaire – ni même le besoin d'avoir ce recul puisqu'ils devraient être protégés par les adultes qui les entourent. Adultes qui souvent, plus que le fait divers en lui-même, voient dans ces drames des sujets de conversation attractifs et passionnants qu'ils suivent donc plus pour pouvoir en parler (par voyeurisme sordide, voire malsain) que par empathie.
Ce très court roman de Mikaël Ollivier est à lire absolument, que l'on soit ou non un jeune lecteur, ne serait-ce que parce qu'il incite à la réflexion sur le traitement par les médias des pires drames comme des feuilletons de téléréalité en à peine quarante-six pages. Intelligemment mené, avec une chute attendrissante et une plume fluide et efficace, ce texte illustre parfaitement un fait de société qui se doit de préoccuper les parents et auquel il est bon de sensibiliser les plus jeunes.
Citation
Toujours le seul de la classe. Celui qui ne connait pas le nom des héros des séries, des finalistes de The Voice. Celui qui n'a pas vu les images de la dernière catastrophe naturelle [...] Celui qui n'a pas le droit de suivre le déroulement de la prise d'otages dont tout le monde parle. Maman estime qu'il faut protéger les enfants de la folie du monde.