Ici meurent les loups

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Roman - Noir

Ici meurent les loups

Ethnologique - Social - Huis-clos - Assassinat MAJ vendredi 17 juillet 2015

Note accordée au livre: 2 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 18 €

Stéphane Guyon
Paris : La Différence, mai 2015
252 p. ; 19 x 12 cm
ISBN 978-2-7291-2165-5
Coll. "Noire"

Là où tout s'englue

Une vieille publicité vantait une boisson gazeuse en proclamant qu'elle ressemblait à de l'alcool, qu'elle avait le goût de l'alcool, mais que ce n'en était pas. C'était comme une forme de différence, ce qui peut aussi renvoyer à l'éditeur de cet ouvrage de Stéphane Guyon. En effet, il y a dans son roman Ici meurent les loups des ressemblances avec ce qui fait le charme d'une partie de la production américaine noire à savoir les espaces ruraux, des fratries marquées par la violence, une violence rentrée et qui éclate lors de crises incontrôlées, comme autant d'abcès de pure terreur au milieu d'une civilisation progressant et qui touchent même les campagnes. Il ne faudrait surtout pas oublier que le rural c'est le pays des paysans, des "paganus", des païens, qui sont traditionnellement opposés à la ville, la civilisation, la chrétienté.
Ici, il y a trois frères Matthias, Ladislas et Stanislas - références à "hélas" ou à une civilisation devenue trop lasse ? Ils traînent leur ennui dans un paysage rural, peuplé de barbelés, d'un père violent et rude, et d'une mère trop effacée. Ils rêvent même à peine d'un ailleurs, se contentent de se promener avec un fusil pour faire on ne sait trop quoi. Ils ne savent pas quoi faire et le roman rend stylistiquement compte de ces jours qui s'allongent indéfiniment, sans aspérités autres que quelques traits du paysage, l'argent que leur prête un oncle, mais qui ne sert pas à grand-chose, un internat qui pourrait offrir une échappatoire... Alors il y a bien une fille qui passe, une bagarre, mais au lieu de ponctuer un quotidien monotone, cela ne fait que le renforcer. Ni prédicateur fou, ni justification de cette brutalité paternelle, ni envolées lyriques ou consolatrices des paysages, une vie qui ressemble à un long dimanche de zombies. Une scène se détache. Celle d'un viol lamentable où, par accident, le violeur décharge son fusil sur sa victime avant de décharger lui-même, et juge que justement puisque le mal est fait, autant terminer la besogne. Mais ce crime servira à lancer l'un des frères sur les routes, pour un ailleurs dont on ne verra que le début - une route et un homme sympathique qui le prend en stop.
Mis à part la scène du viol et le final qui ouvre un peu le récit en offrant un personnage extérieur, le reste ressemble à une imitation des textes noirs américains autour de la campagne, des ploucs taiseux, mais sans l'apaisement ou la terreur que procurent les descriptions des grands espaces, en restant à la surface des choses, ce qui le rend énigmatique et abscons, laissant au lecteur le soin de fournir sa part d'imagination pour y découvrir un intérêt supplémentaire, voire pour y insuffler une âme.

Citation

Il renfila son pantalon, enleva les éclats d'os et les bouts de chair qui commençaient à sécher sur sa chemise, la boutonna à moitié et s'attela au nettoyage du fusil.

Rédacteur: Laurent Greusard jeudi 16 juillet 2015
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