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Grand format
Réédition
Tout public
Boulogne-Billancourt : StudioCanal, octobre 2013
19 x 14 cm
Marvin chez les Ploucs
Mais pourquoi Lee Marvin vient-il s'encroûter et mourir à coup sûr en pleine Beauce, au milieu des ploucs de première ? D'autant que l'on sait maintenant que la canicule ne permet pas aux vieux de faire... de vieux os ! Le casting français qui l'accompagne dans ce film d'Yves Boisset à la réalisation sobre et prudente est impressionnant - Miou-Miou, Jean Carmet, Bernadette Lafont, Grace de Capitani, Jean-Claude Dreyfus, Henri Guybet, Jean-Pierre Kalfon : excusez du peu, et ce n'est pas tout ! Surtout, que l'un des Douze salopards vienne se faire tenir en respect par le futur Louis la Brocante a de quoi sourire. Mais c'est qu'il joue particulièrement bien l'enfant de salaud, le fils de pute, Victor Lanoux dans cette adaptation du roman éponyme de Jean (Herman) Vautrin par ses propres soins sur des dialogues de Michel Audiard. Lanoux est le chef d'une fratrie de freaks aliénants. Il y a la propriétaire de la ferme qui cherche à s'en aller, une boiteuse nymphomane, une petite vieille qui vit dans le souvenir de son homme mort à la guerre, un arabe un peu absent et un noir à la Cadillac rose qui souhaite redonner l'argent à l'Afrique. Il y a surtout un enfant qui rêve de devenir plus tard un gangster américain très méchant et très riche tout en s'occupant de sa mère. C'est lui (David Bennet du haut de ses dix-sept ans, l'acteur du Tambour en fait douze à l'écran !) qui voit débarquer hors d'haleine Jimmy Cobb, l'ennemi à n'en pas douter - vu le carnage inaugural lors de l'attaque d'un fourgon blindé au bazooka - numéro un. Jimmy Cobb court dans un champ de blé en pleine canicule avec un sac contenant des dollars. Tiré à quatre épingles (costume noire, chemise blanche et cravate noire), il prend le temps d'enterrer son magot sous les yeux du gosse avant de se réfugier dans une grange de cette ferme isolée d'où il va bien avoir du mal à sortir vivant. L'étau se resserre (les flics avancent dans les champs, des hélicoptères hantent le ciel), et le huis-clos démentiel qui s'installe va accoucher d'une vague d'hémoglobine jouissive dans un film typique de gangsters à l'américaine des années 1970-1980 comme on n'en fait malheureusement plus. Jimmy Cobb réfugié et à l'agonie dans une espèce de blockhaus censé représenté un navire au milieu d'un champ de blé va tenter d'arracher sa propre gloire des mains d'un gosse (qui joue excellemment bien), mais c'est sans compter sa malignité. Ce gosse s'exclamera à plusieurs reprises "Je suis celui qui a tué Jimmy Cobb !" devant une presse demandeuse préfigurant ce que le média est maintenant devenu. Comme dirait Jean Carmet : "Nom d'une bite !".
Canicule (101 min.), d'Yves Boisset sur un scénario de Jean Herman, Michel Audiard, Dominique Roulet, Serge Korber et Yves Boisset, d'après le roman éponyme de Jean Vautrin (pseudonyme de Jean Herman). Avec : Lee Marvin, Miou-Miou, Jean Carmet, Victor Lanoux, David Bennent, Bernadette Lafont, Grace de Capitani, Jean-Claude Dreyfus, Henri Guybet, Jean-Pierre Kalfon...
Bonus. Interview de Yves Boisset. Making of. Bande-annonce.
Citation
Les êtres s'abiment, monsieur Cobb.