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Inédit
Tout public
Mauvais pour la santé
À Marseille depuis déjà quelques années, on tourne Plus belle la vie. Doit-on déceler derrière cette sit-com phocéenne la raison pour laquelle le docteur Joseph Ingrassia, l'auteur de ce roman sucré, développe à l'envie la biographie de ses trois personnages centraux ? D'un côté, une jeune infirmière arriviste qui joue les Sainte-Nitouche pour ferrer un gros poisson, autrement dit un chirurgien plein aux as qu'elle va épouser avant de se faire construire une belle maison, et tromper son ennui en même temps que son mari. Face à elle, son mari, justement, qui bonne poire l'aime toujours, ne sait pas qu'elle est infidèle, mais commence à être perturbé par le fait qu'elle ne veuille pas (puis qu'elle ne puisse pas avoir) d'enfants. Un jour, alors qu'elle est absente de leur superbe maison, il tombe dans l'escalier et meurt. Accident domestique. La police veut clore l'affaire, mais, le nouveau médecin légiste de la ville, Marcel Bourdin, amateur de bonne chair et qui vient de divorcer, se pose des questions sur cette mort. Il cherche la petite bête, à la Columbo, afin d'essayer de prouver le meurtre. Il ira même jusqu'à faire déterrer le corps pour être sûr de son hypothèse - comme quoi, il faut toujours faire incinérer son conjoint lorsqu'on l'assassine.
L'enquête et sa résolution ne prennent qe quelques pages. Le reste de Vies sucrées, première aventure médico-policière du docteur Marcel Bourdin, est la description lente de l'ascenseur social vue par la jeune infirmière et comment, lorsque l'on a de beaux atouts et atours, mais pas forcément l'envie de finir dans la prostitution, se vendre à un chirurgien est une bonne solution - il y a aussi sûrement des footballeurs libres à Marseille, normalement. Comme cela constituerait une nouvelle, on revient sur certains événements à travers le prisme du jeune homme, ses premières amours, puis la rencontre avec l'infirmière et leur vie commune. Enfin, l'auteur revient en détail sur la biographie du légiste, sa vie familiale, son divorce, ses rencontres d'un soir puis sa relation avec la standardiste de son institut légal.
Au final, Marcel Bourdin pense avoir trouvé la vérité, et l'auteur fait lanterner jusqu'aux dernières pages la solution, une solution qui présente ce qui pourrait être un crime parfait et aurait pu constituer un (bon) épisode de Columbo si l'éclairage avait été mis sur les tensions entre la coupable et le médecin légiste, sur une enquête, plutôt que sur trois fiches descriptives des trois protagonistes.
Citation
Au petit matin, le docteur Bourdin fut presque surpris de retrouver un corps chaud pressé contre le sien.