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Jeunes et jolis, riches et intelligents
Suite du roman Le Côté sombre de la loge, Les Héritiers de la loge reprend stylistiquement ce qui faisait l'intérêt du premier à savoir une intrigue tressautante qui lance une action, la développe puis la clôt avant de rebondir sur une nouvelle intrigue et ainsi de suite. L'ensemble fait que chaque chapitre est presque une épreuve que surmontent les héros avant de passer à la suivante.
Dès le premier volet, les parents Berger utilisaient, de manière cynique, leurs capacités physiques et intellectuelles pour créer, eux-mêmes, leur ascenseur social. On était des années 1950-1960, et il investissaient surtout dans la pierre et les vignobles, et commençaient à s'ouvrir au capitalisme moderne par actions. Mais ils sont morts à la fin du premier roman et, dans ce nouveau volet, ce sont un neveu et une nièce, de chaque côté de la génération précédente, qui reprennent le flambeau. Nous sommes alors dans les années 1970, et ces héritiers vont faire fructifier leur héritage en utilisant les systèmes financiers modernes - banques suisses et luxembourgeoises - et en travaillant sur les industries de pointe - l'armement, l'électronique. Si le texte s'ouvre sur les vignobles bordelais et le travail du raisin, très vite il dérive vers les banques, les grands financiers, les ventes d'action et les OPA hostiles.
Pour s'opposer à la famille Berger, reviennent des fantômes du temps passé : des nazis, un journaliste qui enquêta sur l'origine de la fortune familiale puis les années passants, les résidus "mercenaires" des idéologies gauchistes. Mais chaque plan, chaque complot est déjoué. Il y a même une forme d'humour noir, dans cette suite d'attentats, de tentatives d'empoisonnement, de coups de feu, d'échecs, comme une forme d'hommage subtil aux films de Georges Lautner des années 1970.
Henri Weigel écrit là une suite particulière, rapide comme une sorte de scénario qui ne s'économise pas, qui passe vite d'un élément à l'autre. Les personnages de ces deux jeunes héritiers se révèlent vite aussi cyniques que leurs prédécesseurs, et s'il faut se résoudre à assassiner un humain qui gène votre route vers le succès et la prospérité, il suffit de foncer. L'écriture sèche et balzacienne (nettoyée à l'os) ne juge pas mais se contente de décrire les actions - comment se débarrasser d'un cadavre, comment couler une entreprise ennemie. Mais le final autour du kidnapping de leur enfant ne sombre pas une seule fois vers le pathos.
Jamais les personnages ne semblent avoir de repères moraux, ni de doutes comme si, et c'est peut-être le surgissement d'anciens nazis qui peut y faire songer, la montée du capitalisme sauvage et l'horreur de l'après Deuxième Guerre mondiale excusait d'avance l'individualisme des héros.
Citation
La dérive date surtout de l'acquisition en début d'année de Berg et Blund. Georges Abfeld s'est lancé, contre les avis de ses collaborateurs, dans cette acquisition sans se soucier de son financement.