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Grand format
Inédit
Tout public
624 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-7144-5970-1
Coll. "Littérature française"
Manque de clairvoyance
Richard Neville est un flic à part, car doté d'un don de prescience ce qui lui permet de revivre les derniers instants de la vie d'une victime (ce qui est somme toute assez pratique et pas très fair play et pour les coupable et pour les autres flics qui ne rivalisent pas à armes égales). Alors qu'il est à New York pour enquêter sur le "Tueur au tatouage", son épouse Clara, en balade à Central Park, se retrouve au mauvais endroit au mauvais moment et se fait assassiner. De retour en France, accablé par le deuil, Richard Neville se voit proposer par une inconnue spectrale un voyage dans le temps pour sauver sa dulcinée refroidie. Il vient sans le savoir de foncer tête baissée au milieu d'une arène dans laquelle se battent deux entités très anciennes capables de changer de corps...
On avait quitté Laurent Scalese avec l'excellent La Cicatrice du diable, et l'on avait hâte de voir ce qu'il avait à nous offrir... Une comparaison avec Guillaume Musso dans le matériel de promo fait peur ! On retrouve la location à New York, provoquant un orgasme pavlovien chez tous les top-branchouilles susceptibles d'ouvrir leur portefeuille, et un aspect romantico-cucul d'une banalité à pleurer reprenant sans sourciller la bonne vieille moraline hollywoodienne de type "famille uber alles". L'idée du policier doté de prescience a traîné avec plus ou moins de bonheur dans d'innombrables séries B. ou Z., et la lutte entre entités pouvant changer de corps (l'une représentant le Bien et l'autre le Mal, bien sûr, on ne va pas s'encombrer de nuances) évoque plutôt les thrillers filandreux tels qu'en usinait Dean Koontz dans les années 1990. Dire que fut un temps où tout roman présentant un poil de fantastique était sûr de ne pas trouver d'éditeur ! Le pire, c'est qu'à force d'user d'une narration lisse au possible, sans points d'orgue, ni mise en valeur, façon téléfilm, le tout étiré sur plus de six cents pages bien tassées, on se perd vite dans les enjeux au-delà du manichéisme. Alors bien sûr, le méchant diabolique et tout et tout se fait avoir par un truc de débutant jusqu'à un rebondissement final qui, somme toutes, annule une bonne partie de ce qui s'est passé précédemment et annonce l'inévitable suite. Bref, on a l'impression que l'excellent auteur que pourrait être Laurent Scalese a un peu trop écouté les vendeurs de saucissons qui décident de ce que doit lire le public de nos jours - avec toute la condescendance dont ils sont capables. Tant mieux pour les têtes de gondole, tant pis pour la bonne littérature de genre...
Citation
À la Crim', il avait appris qu'il était plus pénible d'affronter les vivants que les morts. Si ces derniers étaient condamnés au silence, les proches des victimes déversaient leur souffrance, forçant l'empathie des policiers. Cette proximité avec le désespoir affectait les plus sensibles.