Contenu
Poche
Réédition
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Florianne Vidal
Paris : Archipoche, avril 2015
446 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-35287-732-5
Coll. "Archipoche", 342
Monsieur William
C'est l'histoire d'une passion soudaine, chaotique, destructrice et qui bouscule tout sur son passage. Terrence Greene est un homme moyen, qui a épousé une femme riche. Grâce à sa ténacité, il est devenu directeur d'une fondation culturelle. Il a donc une femme, mais également deux enfants et un itinéraire tout tracé. Pourtant, comme le personnage chanté par Léo Ferré, Monsieur William, il va se trouver confronté aux bas-quartiers et y trouver une attirance soudaine. En effet, choisi comme juré au tribunal, il rencontre la plaignante, une certaine Ava-Rose... et tombe immédiatement sous son charme. Peu à peu, il va la revoir, lui offrir des cadeaux coûteux, truquer les comptes de sa fondation pour mener une double vie et même s'y livrer au meurtre pour continuer cette passion fulgurante.
Joyce Carol Oates est spécialiste de ces intrigues vénéneuses : le roman commence innocemment avec la vie réglée comme du papier à musique de Terrence Greene. Lorsqu'il reçoit la convocation pour le tribunal, sa femme (sait-elle déjà quelque chose ?) essaie de le convaincre de trouver des excuses pour ne pas participer d'autant plus que le tribunal se situe à Trenton, dans des quartiers populaires, et l'on comprend bien qu'elle entend par là populacier. Le récit fonctionne à un double niveau : d'une part, nous suivons la lente descente aux enfers, avec joie et bonhommie, de Terrence Greene - il écrase par accident un amoureux éconduit d'Ava-Rose, il trafique les comptes, il ment, il tue un homme qui pourrait révéler ses secrets. D'autre part et en parallèle, nous constatons combien l'amour rend aveugle et comment les indices se multiplient de la duplicité de la jeune femme et de son entourage - une famille de cas sociaux qui vivent de petites arnaques, qui n'hésitent pas à provoquer des "accidents" pour se débarrasser de leurs ennemis, et qui pompent peu à peu l'argent de Terrence Greene.
Le style rend à merveille cet univers tordu, cette façon de s'aveugler. À la fin, le lecteur a si bien été mené par le bout du nez qu'il ne sait si Terrence Greene, saisi par le démon de minuit, a été escroqué tout au long du roman ou s'il est conscient de ce qui lui arrive mais qu'il préfère cette vie-là un peu tordue à l'univers aseptisé dans lequel il s'était coulé, comme une version inversée de Docteur Jekyll et M. Hyde, tant l'idée des doubles, des jumeaux, de la dualité de l'être humain est présente. Elle se symbolise dans Terrence Greene, lui-même, qui oscille entre son travail qui consiste à distribuer de l'argent aux artistes et les crimes qu'il commet. Mais également dans ce roman publié sous le nom de Rosamund Smith, l'un des pseudonymes de Joyce Carol Oates et qui était paru en France en 2000 sous le titre Double délice...
NdR - Le roman est paru en 2000 sous le titre Double délice.
Citation
Comment pouvait-il imaginer qu'il échapperait éternellement aux conséquences de ses actes ? Mais d'une façon bien simple, Terence le savait à présent : il suffit de ne pas y réfléchir. Voilà tout.