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Inédit
Tout public
Paris : Le Cherche midi, août 2015
428 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-7491-3365-2
Coll. "Lot 49"
Art de la fugue et du contrepoint
Peter Els est un homme de soixante-dix ans, qui après une vie consacrée à la musique profite de sa retraite pour se livrer à une nouvelle passion, la biologie. Grâce à Internet, il s'est constitué à petit frais un laboratoire du parfait petit chimiste et s'amuse à découper des séquences ADN. Mais suite à la mort de son chien, il appelle les secours au lieu d'un vétérinaire. La police débarque et est surprise de voir des cornues. La sécurité nationale est convoquée et dans la crise antiterroriste actuelle voilà Peter accusé. Alors il préfère fuir, comprenant vite que téléphone portable et recherche sur son ordinateur deviennent autant d'ennemis et de preuves de sa collusion avec les forces du Mal... Sa fuite l'entraîne dans son passé - aux retrouvailles avec sa fille et, sans doute, vers une mort programmée...
L'avantage de notre résumé c'est qu'il recouvre quasiment en totalité les quelques pages consacrées à l'intrigue criminelle. De fait, comme dans son plus célèbre roman, Le Temps où nous chantions, Richard Powers nous parle principalement de musique, du temps qui fuit, des illusions de notre jeunesse, et de la façon dont nous perdons nos amours. Ici, le long et lent voyage que le personnage central parcourt est surtout un long voyage dans sa mémoire, dans ce qu'il a réussi et raté, ce qui va le pousser à faire un choix final très logique. Les amateurs découvriront donc de longues pages sur l'art de la fugue, sur la notation musicale, sur la façon dont Peter s'est dévoué corps et âme à la recherche musicale, créant des opéras d'avant-garde avec un ami, au détriment d'une carrière plus acceptable financièrement. Richard Powers développe un joli passage où sa femme lui demande d'écrire quelque chose de vendable, et il étudie quelques jours avant de revenir avec une ritournelle qui pourrait les rendre riches. L'auteur se permet un aparté pour évoquer la création, dans un camp de prisonniers, du premier grand opus d'Olivier Messiaen, ou dissèque la création musicale, évoque Pierre Boulez et les œuvres que crée Peter Els, raconte sa vie d'ermite pour composer puis son entrée dans une école de musique afin d'avoir un salaire, parle de ses amours malheureuses, de ses relations orageuses avec un metteur en scène de la nouvelle vague, pétri d'idées, de bagout et d'argent mais à la recherche d'un public.
Paru dans "Lot 49", une collection qui revendique sa volonté de création et de recherche stylistique, le titre étant un hommage à Thomas Pynchon, Orfeo est un roman qui se sert du prétexte d'un intrigue policière pour raconter autre chose, pour développer la vie d'un personnage qui faisant un retour sur sa vie à l'occasion d'une crise, va en tirer les conclusions logiques.
Nominations :
Grand Prix de littérature américaine 2015
Citation
Passent trois mouvements de la symphonie 41 : destinée et noble sacrifice, nostalgie d'une innocence perdue, et un menuet si élégant que Peter en crève d'ennui.