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Gravité du caillou
Voilà un livre dont il est difficile de rendre compte, non pas à cause de sa complexité mais parce qu'il repose sur un retournement de situation dans les dernières pages qu'il n'est pas évident de passer sous silence, sous peine de troubler le lecteur qui aime qu'on lui déflore l'intirgue sans forcément lui raconter la chute du roman. De toute façon, il n'est pas forcément question d'un suspense haletant dans ce texte. Tout commence avec un jeune banquier arriviste qui a découvert des malversations de son supérieur, et qui espère le faire chanter afin d'avoir une promotion mais tout ce qu'il obtiendra sera de se faire écraser. Nous suivons l'histoire vue successivement à travers l'enquête menée par une sorte de Columbo, lent mais apte à déchiffrer les pensées qui fait le tour des témoins et des suspects. Chaque fois, cela permet également de développer un chapitre ou deux sur le protagoniste qu'il vient de rencontrer : le supérieur du mort, sa veuve, sa secrétaire, la femme responsable de l'escroquerie cachée par le banquier, le mari de cette dernière.
Dès le début, nous savons qu'il s'agit d'une escroquerie (en gros madame Cayez et le banquier ont monté une cavalerie qu'ils financent avec les économies de vieux notables mourant dans la maison de retraite qu'elle dirige), que les pistes vont revenir sans cesse sur le dossier Cayez qu'a constitué en double le mort (et dont il a laissé des copies papier et informatique). Tout cela est bien terne, juste rehaussé par des chapitres alternés (les actions des protagonistes, l'avancée de l'enquête et de courts chapitres en italique qui deviendront compréhensibles dans les dernières pages), dans un style neutre.
La pirouette finale, même si elle change la donne, ne renverse pas totalement l'équilibre du roman. S'il y a quelques passages bien sentis sur l'ingratitude des chefs, sur la machine de l'entreprise qui sait masquer ses propres tares, sur les liens incestueux entre notables dans une ville de province, cela reste saupoudré et bien anecdotique au milieu d'une action qui avance comme un caillou qui dévale une pente, uniquement parce que c'est dans la nature de la gravité.
Citation
Il décida que c'était le contrecoup, l'angoisse , et qu'il suffisait de retrouver son calme une minute ou deux pour chasser le malaise.