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Le Pape, le Kid et l'Iroquois
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Cindy Kapen
Paris : Sonatine, septembre 2015
460 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-35584-384-6
Est-ce qu'on peut pousser le schmilblick ?
Une organisation gouvernementale américaine top secret pense détenir un traitement contre le cancer de la peau hérité de l'opération Blackwash (qui devait, à l'origine, "transformer" la peau d'un homme en gilet pare-balles). Alors le pape vient en loucedé aux États-Unis pour se faire soigner son cancer de la peau, et pour ça il casque cinq millions de dollars. L'Iroquois menace de tuer le pape parce qu'il a soi-disant déjà tué une nonne vu qu'il a un problème avec la religion (soi-disant aussi). Scratch, tenancier du bar Le Purgatoire, engage Le Bourbon Kid (tueur en série qui peut buter n'importe qui et en nombre illimité après avoir bu un bourbon), Rodéo Rex (qui a la particularité de posséder une main magnétique) et Elvis (sosie de Mireille Mathieu... non, je déconne, sosie d'Elvis Presley) pour empêcher L'Iroquois de tuer le pape parce qu'il connaît le pape depuis longtemps et que c'est un mec bien. Solomon Bennett, Le docteur Jekyll, Mozart et Frankenstein veulent récupérer le traitement contre le cancer de la peau parce qu'ils ont jadis travaillé pour l'organisation gouvernementale américaine top secret et que l'opération Blackwash c'est eux (enfin l'opération d'origine). Devon Pincent est un agent genre dinosaure de l'organisation top secrète gouvernementale et au moment de la venue du pape il n'est pas en odeur de sainteté auprès de son chef le général Alexis Calhoon (qui est une femme) parce qu'il a fait libérer le tueur psychopathe Joey Conrad pour qu'il aille chercher sa fille Bébé (surnommée ainsi parce qu'elle est une inconditionnelle de Dirty Dancing) qui était obligée de faire la pute dans un bordel à B Movie Hell. Il se trouve que Joey Conrad est le vrai nom de L'Iroquois (celui qui menace de tuer le pape). Jack Munson, dit le fantôme, a été envoyé par Devon Pincent pour espionner Solomon Bennett and Co, étant donné que Solomon Bennett and Co c'est la pire réunion de tordus et d'assassins tendance Je-Prends-Mon-Paf-En-Te-Torturant-Ainsi-Que-Ta-Femme-Tes-Gosses-Et-Ton-Poisson-Rouge-Que-Je-Regarde-Agoniser-Lentement-Après-L'avoir-Sorti-De-Son-Bocal. Espionnage fructueux puisque Jack Munson apprend donc que Solomon Bennett (and Co) prévoit de récupérer le traitement contre le cancer de la peau (pour lui redonner son utilisation d'origine). Au passage, il remarque que Frankenstein est en fait Frank Grealish, ce qui le surprend vachement car Frank Grealish est censé être mort vu qu'il servait de cobaye pour l'opération Blackwash (c'est lui qui devait avoir la peau comme un gilet pare-balles) et que l'opération a été un fiasco total (principalement à cause de la mort du cobaye). Quant à Mozart c'est un putain de taré plus connu sous le sobriquet de "L'homme aux milles visages" à cause de sa manie de découper les visages de ses futures victimes (je dis "futures" car quand il leur découpe le visage, elles sont encore vivantes). Sinon, il faut aussi vous dire que Bébé est folle amoureuse de L'Iroquois depuis qu'il l'a sauvée du bordel de B Movie Hell et qu'elle vient d'être engagée dans la comédie musicale Grease dans le rôle de Sandy immortalisé à l'écran par... (La bonne réponse est Olivia Newton-John.)
Si vous êtes déjà un familier de l'œuvre de cet Anonyme, tout ce que je viens de vous annoncer là ne vous surprend guère et même vous vous dandinez sur votre chaise en piétinant d'impatience à l'idée que dans le prochain opus, Le Bourbon Kid (anti-héros de la tétralogie Le Livre sans nom, LŒil de la lune, Le Cimetière du diable, Le Livre de la mort) croise le fer avec L'Iroquois (le tueur de Psycho killer). Vous vous dîtes même, après avoir justement lu Psycho killer : "C'est la suite, tu vas voir qu'on est parti pour une autre putain de série de ouf et bordel de merde ça va chier grave !" (Ce que, personnellement, je trouve un tantinet vulgaire bien que je puisse comprendre qu'emporté par l'enthousiasme vous vous lâchiez sur le vocabulaire). Donc, si vous êtes un aficionado, y a pas de soucis, vous ne serez pas déçu, il y a tout le délire, toutes les références pop, cinématographiques, musicales, de séries et émissions de télé, de la littérature populaire, tout cet espèce de pot-pourri culturel mélangé, secoué, restitué dans un ordre chaotique qui fait tout le charme de l'œuvre de l'Anonyme, tout le second degré dont l'auteur est capable en utilisant une vaste palette d'humour qui va du cynisme au burlesque en passant par le noir, l'absurde, le morbide, et qui démystifie une vision du monde qui, il faut bien le dire, ne donne pas envie de sortir de chez soi puisqu'il n'y a que meurtres, tortures, manigances, et que les gens qui s'aiment sont immédiatement montrés du doigt comme des proies faciles puisqu'ils ont un point faible évident : l'être aimé.
Pour les autres, ceux qui se sont demandés en lisant le début de cet chronique : "Mais qu'est-ce que c'est que ça ?" car pas du tout au fait de ce romancier américain édité en France chez Sonatine et dont on ne sait rien mais qui atteint, depuis ses débuts en 2007, des chiffres de vente qui fileraient à n'importe quel écrivain l'envie d'apprendre par cœur la chorégraphie de Claude François sur la chanson "Bélinda" uniquement parce que quand on est heureux de vivre on est capable de faire n'importe quoi :
Soit vous êtes intrigué par le début de cette chronique, vous êtes curieux de nature, vous aimez les univers décalés et faire rimer lire avec divertir et dans ce cas je vous dis : "Allez-y, lisez Le Pape, le kid et l'Iroquois. Et même sans avoir lu ce qui s'est fait avant vous ne serez pas perdu car les romans sont liés mais ils peuvent se prendre indépendamment les uns des autres." Soit, comme moi (attention, je vais vous glisser intelligemment mon avis perso), vous en avez soupé de cette usurpation actuelle où on nous vend de la forme (irréprochable dans ce cas précis) mais pas de fond. Car, comme dans un film de Quentin Tarantino (je parle de lui car à la question "Qui est l'auteur mystère ?", le réalisateur tient la cote) tout est gratuit, les personnages n'ont pas d'âmes (d'où une comparaison parfaitement déplacée avec Stephen King chez qui justement les personnages ont en une, ce qui est souvent leur problème d'ailleurs), les chapitres s'enchaînent pour faire avancer l'histoire mais sans que rien ne soit jamais fouillé, les méchants sont super cruels, la violence est omniprésente parce que c'est trop cool de faire violent, les agents américains sont corruptibles et revenus de tout parce que quand tu travailles pour un truc genre CIA t'es forcément désabusé par le monde, en même temps ce sont des Ricains donc ils ont des sursauts d'héroïsme, mais tout ça, encore une fois n'est aucunement exploré, ce sont juste des états comme de dire "ce personnage est blond", ça ne va pas plus loin, ce n'est que de la surface avec une culture étalée et un savoir-faire dans l'écriture qui permettent de masquer (comme chez Tarantino, j'insiste) les vides de l'histoire qui nous est racontée et les carapaces des personnages qui nous sont présentées !
Bref, ça va cartonner !
Citation
Le conducteur de la Cadillac était un sosie d'Elvis en costume bleu. Après la journée plus que bizarre qu'il avait passée, Devon n'était pas réellement surpris de voir un sosie d'Elvis Presley au volant d'une Cadillac violette débarquer dans une salle de réception pleine de serveurs armés jusqu'aux dents et d'un Frankenstein résistant aux balles.