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Coup de chaud à la Butte-aux-Cailles
Grand format
Inédit
Tout public
Enquête sur un monde qui disparaît
Walter qui boit un peu trop a été chassé de son boulot, de chez lui par sa femme et squatte chez César, une vieille connaissance. Si cela ne suffisait pas à lui mettre le moral en berne, ses rares amis trépassent les uns après les autres. Alors, il passe son temps, entre deux petits travaux au noir et des petits magouilles, à déambuler dans le quartier parisien de la Butte-aux-Cailles. On parle beaucoup de la gentryfication ou de la boboïsation de Paris, mais ce quartier, lui, évolue différemment. Ce sont surtout les Chinois qui s'y installent, et les cafés ferment à mesure que s'ouvrent des salons de massage. Toute cette vie simple et contemplative de Walter va s'écrouler le jour où des truands attaquent à la mitraillette un salon de massage, situé juste en face de son café préféré. Walter découvre alors que son ami César joue un jeu trouble : est-il lié aux triades chinoises ou est-il juste un client des masseuses ? Pourquoi donne-t-il des rendez-vous discrets avec certains policiers ? Parce qu'il est un indicateur de police ou parce qu'il est chargé de leur transmettre les enveloppes remises par les parrains asiatiques ? L'enquête, menée de manière un peu molle car Walter est constamment préoccupé par l'absorption de diverses boissons toutes les plus alcoolisées les unes que les autres, par le besoin de gagner deux-trois petites pièces ou parce que la sieste s'impose.
C'est surtout cette description, hommage discret aux romans du regretté Michel Lebrun, des derniers "Parisiens populaires", ce reste de mythologie des acteurs de second plan du cinéma français qui hantent les films de Marcel Carné, entre tenue du zinc et bal musette, que le roman tient la route. La description d'un Paris qui disparaît petit à petit entre les brassages de population, les promoteurs immobiliers et "l'hygiénisation morale" de notre société. Yves Tenret doit également être un magicien, c'est-à-dire un homme qui sait détourner l'attention du lecteur vers des éléments accessoires pour masquer sa vraie intrigue. Au bout du compte, si l'on découvrira un assassin et des crimes restés sans solution policière, ce ne sera pas dans cette fusillade éclatant au cœur du livre, mais dans une autre histoire qui a couru, sans que l'on ne s'en rende compte, tout au long du livre. Coup de chaud à la Butte-aux-Cailles est donc à conseiller plutôt aux amateurs d'Antoine Blondin, aux amoureux des photos de Robert Doisneau, aux films de Marcel Carné ou de Jean Renoir, bref aux lecteurs qui aiment à se plonger dans des romans d'une certaine qualité française.
Citation
On aurait dit que ce branleur tirait gloire de ses étourderies, de sa distraction continuelle, comme s'il prenait un malin plaisir à bousiller stupidement les rares besognes qu'on lui confiait.