Jour de colère

Martin savait que tout ce qui se passait à Tarsac était l'œuvre d'un villageois. Ou de plusieurs. Le bourg ne connaissait pas de délinquance extérieure ou itinérante. Les rares incivilités étaient commises par des autochtones. Les seuls meurtres étaient perpétrés par l'un des leurs. Ils vivaient en vase clos. On naissait et mourrait à Tarsac. Et on y faisait ses conneries. Mais qui, cette fois ?
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Roman - Policier

Jour de colère

Politique - Historique - Vengeance MAJ jeudi 08 octobre 2015

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22 €

Diego Arrabal
Paris : Arcane 17, octobre 2015
276 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-918721-44-4

Garrotter la vérité

Dans un hôtel de Nancy, on retrouve deux bonnes sœurs âgées assassinées. La mise en scène laisse croire aux débuts criminels d'un tueur en série ou d'une vengeance particulièrement ciblée, notamment par l'utilisation d'un garrot, instrument de la peine de mort en vigueur dans l'Espagne de Franco. Premier souci pour le commissaire Ney chargé de l'enquête : les deux mortes sont espagnoles et la seul suspecte potentielle s'accuse du crime. Mais cette dernière multiplie les contradictions ce qui fait énormément douter le commissaire. De plus, comme tout le monde a l'air de lui expliquer qu'il ne faudrait pas se rendre en Espagne, ni enquêter sur le passé des deux victimes, comme tout bon commissaire assujetti non à sa hiérarchie mais aux lois du roman, il s'empresse de le faire. À peine arrivé, Ney comprend que la vérité sera dure à découvrir, et qu'il sera bon pour tester les geôles espagnoles.
"En affaiblissant la mémoire des témoins, en effaçant les traces matérielles, le temps est l'ennemi des policiers", écrit le romancier Diego Arrabal, mais cette phrase s'applique autant aux historiens qu'aux policiers. Comment reconstituer l'histoire violente et nauséabonde du passé si chacun essaye d'effacer les traces de ce qui fut - de manière feutrée ou violente ? Le roman décrit avec tranquillité cette enquête qui prend son temps, qui voyage jusqu'en Espagne et où l'auteur aligne les éléments historiques qui fondent son histoire. On savait que les pays d'Amérique du Sud lorsqu'ils ont été sous la gouvernance de régimes autoritaires, voire dictatoriaux pratiquèrent la torture. On sait également qu'ils enlevèrent les enfants des prisonniers politiques pour les confier à de bonnes familles en manque d'adoption afin qu'ils soient élevés selon de saines valeurs, mais ce procédé fut inauguré durant la période franquiste et par la suite exporté dans les anciennes possessions ultra-marines. C'est cet aspect historique, particulièrement abjecte, de la politique franquiste qui est ici dénoncé, démontré à travers la vengeance d'enfants adoptés devenus grands lorsqu'ils apprennent la vérité. C'est d'ailleurs sans doute le seul point négatif de ce roman : le prologue dévoile tellement d'éléments que le lecteur comprend de suite les enjeux, et lorsqu'au premier chapitre il découvre la mort des religieuses, il sait déjà où va l'emmener l'intrigue. Reste un roman de bonne tenue qui présente à travers son personnage de commissaire tenace (aidé par un "clone" de Garzon) l'Espagne redevenue démocratique et les forces souterraines qui tentent encore de nier la réalité et d'empêcher que des pans peu glorieux de la période précédente ne reviennent au devant de l'actualité.

Citation

En fait, si l'on considère que l'objectif premier est de punir les vaincus, le placement ou l'adoption, sont des peines d'infamie prononcées contre eux.

Rédacteur: Laurent Greusard jeudi 24 septembre 2015
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