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Les Possédés (version bayou)
Est-ce un hasard, si les dernières lignes de ce texte se retrouvent page 333, c'est-à-dire exactement la moitié de 666, le chiffre du Diable ? Car il est bien question du Diable dans ce roman. C'est là un thème peu utilisé dans la littérature policière, même si elle a au moins connu un petit bijou avec Le Sabbat dans Central Park de William Hjortsberg - dont une version cinéma existe sous le titre Angel Heart - aux portes de l'enfer d'Alan Parker avec Mickey Rourke, Robert De Niro et Charlotte Rampling. Cet aspect fantastique se retrouve surtout dans un final explicatif où apparaît le Diable, un diable un peu limité dans ses pouvoirs et dans les dernières lignes où il fait un retour, annonçant que l'histoire peut se répéter ad vitam aeternam, ce qui est souvent le cas avec le récit fantastique traditionnel. Pour l'intrigue, elle fonctionne en doublon classique : d'une part, Zachary, un ancien flic aujourd'hui détective privé sur le retour et qui enquête extrêmement mollement, à travers quelques visions, sur une suite de crimes étranges qui frappent La Nouvelle-Orléans et, d'autre part, le développement des crimes en question. En ce qui concerne le détective, il est atteint d'une maladie dégénérative et passe son temps à ruminer sa mort prochaine en buvant beaucoup. En revanche, il a des peurs intenses qu'il surmontera en quelques lignes pour lutter contre le Mal. Nous suivons les différents crimes. Le procédé est simple : nous voyons le meurtre commis en direct, de l'intérieur, par le coupable, qui détaille ses actions comme s'il leur était extérieur. De fait, il l'est puisqu'il est possédé. Puis, le Diable se retire et nous revivons le monologue intérieur du coupable qui ne peut survivre à sa propre honte d'avoir été un assassin. Cela permet surtout aux auteurs de doubler le volume de lecture et cela plusieurs fois, puisque, évidemment, il y a plusieurs crimes successifs. Des crimes que la police ne met pas en lien mais qui intriguent le détective qui en plus a de justes visions de ces meurtres. Et puis, au final, il est chargé par une cliente de retrouver sa fille kidnappée. Cette fille est justement au cœur même des visions qu'il a, ce qui déplace, de manière un peu factice, l'intrigue vers une autre piste qui n'est, bien évidemment, que la clôture du piège prévu depuis le début. De fait si l'un ou l'autre crime est décrit de manière intéressante et assez novatrice (notamment celui d'un homme politique de Louisiane), le récit avance cahin-caha entre ses fils directeurs : des meurtres dépeints longuement et un détective se vautrant quelque peu dans sa déchéance pour un récit écrit à quatre mains qui aurait pu être une excellente nouvelle mais qui a du mal à tenir la distance au format roman.
Citation
Je me sens aussi frais que ma chemise, que je n'ai pas changée depuis trois jours.