Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
550 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-258-11568-2
Coll. "Sang d'encre"
L'œil était dans la tombe
Informaticien sans histoires, Thomas souffre banalement d'insomnies et de troubles du sommeil. Un beau jour, il entend parler des bienfaits de l'hypnose et programme une séance. Sauf qu'en pleine transe, il a la vision d'un démon terrifiant... Peu après, il découvre que, lors de crises, il "voit" par les yeux de quelqu'un d'autre. Mais pas n'importe qui : un meurtrier sadique fétichiste des yeux ! L'ennui pour Thomas, c'est que le tueur le "voit" lui aussi... En cherchant à empêcher les crimes, ne risque-t-il pas de se retrouver dans la peau d'un faux coupable ? Mais Thomas va enquêter et surtout recevoir une aide inattendue... Il découvrira alors peut-être qu'il n'était pas seul à souffrir de telles visions...
C'est un bel itinéraire que celui de Sire Cédric, passé de la nouvelle horrifico-gothique confidentielle au statut d'espoir du roman populaire moderne - au sens très noble du terme. Encore que, vu son sans-faute depuis le flamboyant De fièvre et de sang, on devrait plutôt parler de valeur sûre ! La recette est connue de ses lecteurs : des thèmes "classiques" menés avec un sens de l'intrigue sans faille et une sincérité, une générosité même, qui font la différence avec l'usineur de thriller industriel de base. Ici, une fois de plus, le point de départ n'est pas d'une originalité folle - on pense au méconnu et intéressant film Hypnotic de Nick Willing et à des tonnes de téléfilms ou direct-vidéos dans lesquels un personnage est en contact direct avec un assassin -, mais qu'importe : c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes (dit votre humble chroniqueur polaromane avec un sens très sûr du lieu commun). On se prend aisément au jeu de ce personnage ordinaire face à une situation extraordinaire se retrouvant dans la peau du faux coupable à la Alfred Hitchcock — même si on a parfois envie de le secouer un peu, ce qui au passage ne le rend que plus crédible. Sa quête l'humanise profondément. Quant aux autres personnages, certains - sans déflorer - sont parfois véritablement intrigants. L'efficacité est là, qui fait que ces cinq cent cinquante pages (mâtin !) s'écoulent sans la moindre longueur ni invraisemblance (pour peu que l'on accepte le postulat fantastique, bien sûr) en évitant les effets kinétiques cache-misère du très prolifique James Patterson, le tout jusqu'à un finale qui ménage son comptant de révélations vraiment inattendues permettant de dévider tout l'écheveau de l'intrigue (même les visions du personnage reçoivent une explication inattendue). Ce goût du petit détail entrevu qui, si on pouvait le remettre en contexte, permettrait de résoudre une partie de l'énigme. Il témoigne surtout d'une influence bien digérée du giallo tel que le synthétisa Dario Argento... Bref ! Une réussite de plus à travers une intrigue qui n'a plus la flamboyance des débuts (maturité oblige ?), mais qui accroche du début à la fin sans insulter l'intelligence du lecteur et avec la générosité habituelle en sus. Franchement, que demander de plus ?
Citation
Il ne pouvait s'agir d'un règlement de comptes ordinaire. C'était de l'acharnement. Une explosion de rage, d'une violence inouïe. Le meurtrier était un volcan de haine. Il n'avait pas simplement assassiné sa victime. Il l'avait pulvérisée, réduite en un tas de chair, sans pouvoir s'arrêter de la mutiler.