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Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Anne-Laure Tissut
Arles : Actes Sud, septembre 2015
262 p. ; 22 x 12 cm
ISBN 978-2-330-05302-4
Coll. "Lettres anglo-américaines"
Actualités
- 03/12 Librairie: Laird Hunt à Millepages (94)
Le romancier Laird Hunt a marqué la rentrée littéraire avec son très bon ouvrage western et gothique Neverhome, qui contait l'épopée (presque) solitaire d'une femme-soldat durant la guerre se Sécession. Le roman a été à juste titre récompensé du premier Grand Prix de littérature américaine 2015, lancé par Francis Geffard, libraire et éditeur, par ailleurs déjà fondateur du Festival America qui se déroule à Vincennes tous les deux ans. Et c'est à la librairie Millepages de Vincennes (91, rue de Fontenay. Tél. : 01.43.28.04.15) que le romancier américain venu chercher son prix est attendu le mercredi 9 décembre à partir de 19 h 30 pour une rencontre-débat exceptionnelle. Gageons qu'il y aura des moments épiques !
Retour au foyer
Ash Thompson, de Darke County n'est pas un engagé volontaire durant la guerre de Sécession comme les autres. Originaire de l'Indiana, partie pour l'Idaho afin de défendre la République, Ash Thompson, femme de Bartholomew, cache son identité féminine sous des vêtements masculins. Armée d'un Springfield 1861, elle est partie se battre par conviction mais aussi parce que de ce couple d'honnêtes et laborieux paysans, elle est la plus à même de s'en sortir. Dotée d'une excellente constitution elle a en outre une vue d'aigle. Elle ne tardera pas en raison de son impétuosité, de son adresse au tir et de sa sensibilité forcément féminine à acquérir une renommée qui dépassera les rangs des Nordistes sous le surnom "Ash le Galant". Neverhome est une plongée tragique dans les affres de la guerre. Roman western de guerre, il ne tarde pas à devenir gothique, onirique et psychologique. Le protagoniste principal de ce roman de Laird Hunt a une identité androgyne trouble et plus démunie qu'il n'en parait de prime abord. C'est une femme tourmentée par la mort de sa mère et surtout les raisons de cette mort que l'on découvrira au fil des pages. De cet incident funeste découle son courage et son abnégation. Mais cette femme de fer est également fragile. La réalité qui défile sous ses yeux à la vitesse d'une charge de cavalerie à la fois la confond et la plonge dans une folie naissante qui ne fera qu'empirer. Le seul à la comprendre est peut-être ce colonel qui lui demande de chasser pour lui des écureuils afin que son cuisinier lui fasse un ragout. Ce colonel devenu général qui viendra lui rendre visite à l'asile une fois son identité dévoilée. Mais, entretemps, Ash le Galant est fait prisonnier en compagnie de deux jeunes recrues. Il réussit à s'échapper en mettant une robe et en poignardant ses geôliers. Mais Ash est galant et refuse tous les honneurs. Et puis il est convaincu de vol de rations. Il est arrêté, démasqué, emprisonné, mis à la torture du bac d'eau glacée dans un asile où il mord à tout va et s'évertue à demander sa liberté. Pendant ce temps, l'âme de sa mère ne cesse de le tourmenter. Celle du général aussi. La suite est une longue évasion vengeresse par étapes, et un retour au foyer, qui hébergera l'ultime drame de cette tragique épopée. L'écriture flamboyante de Laird Hunt, ses ombres vagabondes, ses traversées de plaines désolées font de ce roman l'alliance merveilleuse du western et du gothique. C'est brillant et simple. C'est l'histoire revisitée de l'Amérique à travers le pot de terre et le pot de fer, l'éternel débat entre le roseau et le chêne. La fragilité somme toute engagée dans une guerre violente qui meurtrie à jamais un continent nord-américain dont les terres sont imbibées de sang. Et cette femme symbole de l'Amérique a un prénom tout aussi symbolique, Constance.
Récompenses :
Grand Prix de littérature américaine 2015
Citation
Sous mes yeux, cette balle m'a glissé entre les doigts et a poursuivi sa chute. Elle a touché Rosie au cou avant de tomber au sol. Le cheval a poussé un hennissement sauvage et a rué comme s'il avait été blessé pour de bon quand il l'a sentie. Nous avons bien failli tomber tous deux à la renverse sur un tas de rochers. Dans le rêve qu'il vient de faire, c'est lui qui a pris la balle dans son sabot avant droit. Et moi qui ai rué.