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Roman - Thriller

Hiver rouge

Politique - Historique - Révolution MAJ jeudi 26 juillet 2018

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19,8 €

Dan Smith
Red Winter - 2013
Traduit de l'anglais par Caroline Nicolas
Paris : Le Cherche midi, septembre 2015
526 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-7491-4337-8
Coll. "Thriller"

Tcheka, communisme & famine

Nous avons l'habitude de penser que la Révolution russe s'est installée naturellement dès que le tsar a été renversé et que le régime soviétique a profité d'un état de grâce avant de succomber aux démons totalitaires staliniennes. La réalité est bien entendu plus complexe. Sans compter les interventions étrangères (entre autres françaises), diverses oppositions ont entretenu longtemps la guerre civile. Ça a été le cas des armées blanches pro-tsaristes, mais aussi de révoltes paysannes, et de groupes anarchistes ou autonomistes qui entendaient profiter de la situation pour sortir de l'empire russe. Il fallait également compter avec les seigneurs de guerre - on en rencontre quelques uns à bord de leur train blindé dans la bande dessinée Corto Maltese en Sibérie.
Pour contrer ces "contre-révolutions", ces ennemis du bolchevisme, l'État central fédéré par Lénine a utilisé la violence et la terreur. Outre des armées régulières qui luttaient pour défaire les bandes adverses, une armée politique a éét installée. Ancêtre de la police politique, sa seule ambition était de parcourir le pays, de terroriser et d'effrayer suffisamment pour couper toutes bases arrières aux oppositions possibles. Il est bien évident que cela s'est apparenté à lâcher des loups au milieu de moutons isolés, et que cette Tcheka (puisque c'est d'elle qu'il s'agit) a parfois été dirigée par des brutes épaisses qui en profitaient pour assouvir leurs bas instincts. C'est notamment le cas d'un officier qui, sous le surnom de Kochtcheï (nom tiré d'un conte horrible russe), a terrorisé une région de Russie Centrale.
Le récit de Dan Smith débute avec la désertion de Nikolai, héros de l'Union soviétique, qui a perdu ses illusions et a profité d'un combat pour se faire passer pour mort et rentrer chez lui pour enterre son frère et retrouver femme et enfants. Mais à peine arrivé, il découvre le village vide. Seule une vieille femme, avant de se suicider, lui explique que Kochtcheï est passé, a tué une partie de la population et entraîné l'autre vers le nord. Nikolai se met donc en route, poursuivant ceux qui ont enlevé sa famille, et découvre rapidement qu'il est suivi par une équipe de ses anciens soldats, chargés de l'arrêter car il est déserteur. En chemin, il va rencontrer deux femmes de l'aristocratie elles aussi à la recherche de leur famille enlevée, et un homme et sa fille qui fuient la guerre. À la mort de l'homme, il prend en charge la fille.
Le récit est donc, entre neige et chevauchées, le lent et long périple de Nikolai, semé d'embûches, pour retrouver les siens. Au fil des rencontres, qui permettent de planter le décor et d'évoquer l'histoire compliquée de ces années 1920 en Russie, c'est l'occasion de présenter les différentes réactions des humains : empathie, volonté d'aider, peur, solidarité ou méfiance. Chaque ferme que croisent les personnages peut présenter une halte et du repos pour quelques heures, un havre de paix ou ou contraire un piège mortel. La contradiction de situations peut se résumer par cette simple description qui revient au long du roman : pris par la neige, dans le froid, chaque bout de bois trouvé est l'occasion de faire un feu. Ce feu peut sauver mais en même temps sa fumée peut alerter d'une présence humaine.
Malgré un récit calibré à l'extrème pour une adaptation cinéma (les personnages stéréotypés, l'alliance avec un enfant, un chien qui aide, des méchants vraiment ignobles), qui n'est sans rappeler Le Village, premier roman de Dan Smith, et le fait que l'histoire est une longue course poursuite, sorte de western dans la guerre civile russe, le lecteur est justement captivé par cette intrigue grand public, classique dans la forme et le fond.

Citation

Lorsque la porte extérieure s'ouvrit devant nous, je la passai sans rien ressentir pour les hommes qui venaient de mourir. Plus rien de ce qu'il y avait derrière moi n'avait d'importance- tout ce qui comptait était devant.

Rédacteur: Laurent Greusard lundi 12 octobre 2015
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