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Lectures scandinaves : les inédits de Philippe Bouquet
© David Delaporte / k-libre
14 mars 2013 -
Pourquoi parler de livres que nul ne peut lire ? Bonne question, en effet. Mais n'est-il pas bon d'explorer tout le champ du possible ? Qui aurait dit, il y a cent ans, qu'on traduirait un jour des livres du suédois – voire du same (autrement dit : la langue lapone, oui oui, il en existe en français) ? À l'époque, nul ne soupçonnait que ces peuplades barbares savaient écrire – et surtout pas des romans, des polars. Lire, bon, à la rigueur, puisque le protestantisme est basé sur la lecture (personnelle) de la Bible. Mais écrire, non, tout de même. Il n'était bon bec (littéraire) que de Paris. Et puis voilà que le vent a tourné. Voici vingt ans encore, on me refusait les livres d'un certain Henning Mankell (pardon : Enningue Manquelle) avec un haussement d'épaules apitoyé. Maintenant, ses notes de blanchisseuse s'arrachent, et on traduit même les sinistres élucubrations de Jens Lapidus – même si traduire est un bien grand mot, en pareil cas, étant donné la pauvreté d'un vocabulaire corrompu jusqu'à l'os par l'anglomanie galopante.
Or, il se trouve que j'ai le privilège (c'en est un et j'y tiens, j'en ai bien le droit, non ?) d'avoir connaissance de bon nombre d'œuvres qui mériteraient d'être connues dans l'Hexagone. C'est mon opinion et je la partage, comme disait l'autre. J'ai aussi tenté de faire partager certains de mes enthousiasmes par le monde éditorial français. Souvent en vain, parfois avec succès. Mais qui ne risque rien n'a rien, dit la sagesse des nations et même de la Suède. Alors, si par hasard il existe des éditeurs en quête d'auteurs qui se réfèrent à k-libre... De toute façon, ces notes de lecture existent et je ne suis pas adepte du plaisir solitaire au point de vouloir les garder pour moi. Qu'on n'oublie pas, à leur lecture éventuelle, leur visée "pédagogique" (je ne dis pas : commerciale, car ces considérations sont étrangères à la démarche), à savoir faire connaître des livres et des auteurs en France. Il ne s'agit donc pas de critiques littéraires à proprement parler, mais plutôt de "bandes-annonces littéraires" (voilà un "concept" qu'il est nouveau !!!) – oh pardon, on dit "teasers", en bon franglais. Titillons, titillons donc, et espérons qu'il en restera quelque chose. On notera un petit – ou grand – faible pour des auteurs finlandais de langue suédoise (autre bizarrerie nordique, les Finlandais écrivent finnois ou suédois, "le" finlandais n'existe pas, qu'on se le dise). J'assume pleinement ce préjugé en faveur d'une communauté qui a choisi de défendre son droit à l'existence par... la culture (il y a vraiment des cinglés, sur notre bonne vieille terre) et qui mériterait d'être mieux connue en France qu'elle ne l'est, même s'il y a de belles exceptions sous ce rapport également. Bonne(s) lecture(s) !
Philippe Bouquet
Lecture scandinave n° 1 : Roulette chinoise, de Staffan Bruun.
Liens : Philippe Bouquet | Henning Mankell | Jens Lapidus
Par Philippe Bouquet