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Quand Sabbah croqua la figue
Il ya dans ce titre du nouveau roman de Philip Le Roy une double référence. Tout d'abord L'Origine du monde, c'est depuis quelques années l'un des tableaux les plus connus du musée d'Orsay, celui de l'intimité d'une femme peint par Gustave Courbet. Or, dans ce livre, il est beaucoup question du rôle de la femme et de sa sexualité. Ce n'est sans doute pas par hasard que le roman présente Sabbahh Shahi, une héroïne qui, dès le début du roman est enceinte. Ce n'est sûrement pas un hasard non plus si les méchants du roman chaque fois qu'ils veulent obtenir des renseignements se livrent à des viols sur leurs victimes. Mais l'origine du monde, c'est également dans l'ensemble des religions l'événement fondateur, celui qui oriente la doctrine. Cela permet à l'intérieur du roman de disserter justement sur les traductions de la Bible, sur le rôle d'Adam et Eve (si l'on traduit correctement l'épisode de la pomme, cela devient une figue et une relation sexuelle entre deux êtres au lieu d'un bannissement du paradis), sur les rapports avec les mythes sumériens. Comme ce roman est également très axé sur les religions, leurs rites et leurs mystères, cela tombe plutôt bien.
Suite indépendante de La Porte du messie, ce roman continue dans la veine ésotérique telle qu'initiée par le Da Vinci code. Des groupes divers et variés tentent de s'approprier des secrets qui pourraient détruire le fondement de nos religions monothéistes : ici, c'est l'islam qui est plus particulièrement visé car des preuves existent que ce culte n'a été qu'une façon pour les premiers chrétiens de s'organiser. Ses preuves, Simon doit les divulguer, car il a été programmé depuis sa naissance pour, mais il refuse ce rôle. Simon et Sabbah, sa belle compagne, fuient donc poursuivis par une horde de méchants sectaires : le groupe qui détient certains secrets, des groupes ennemis qui entendent s'en emparer pour les détruire ou faire chanter les monarchies du golfe. Dans leur fuite, les deux amoureux, en pleine crise, se retrouvent au sein d'une communauté "hippie" qui entend se servir justement de ces preuves dont un rouleau biblique de Qumrân pour transformer pacifiquement le monde, en rétablissant la femme dans sa dimension d'égale de l'homme.
Le premier volet de cette histoire avait le mérite de nous faire découvrir une version peu connue des héritages religieux de l'Humanité, basés sur des recherches universitaires parfois contestées. Dans ce second épisode, Philip Le Roy se laisse plus facilement aller au thriller. Ses héros ne sont pas monolithiques - Simon, entre autres doute beaucoup. Quelques épisodes, notamment avec les méchants sont assez bien construits. Cependant, le récit se perd un peu dans les sables de discussions métaphysiques de faible volée et l'utopie cachée au fond des montagnes peine un peu à entretenir le mystère. Si cela se laisse lire, L'Origine du monde a cependant des baisses de rythme, des répétitions, comme des moments où l'auteur semble épuisé et s'arrête pour respirer et ainsi souffler. Du coup, le final apparait comme un peu faible au vu des prouesses pyrotechniques que le roman lance et qui se désagrègent tranquillement.
Citation
Le sermon de Simon lui convenait. Il suffisait de couper les premières phrases qui donnaient trop d'importance aux Sumériens.