Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
122 p. ; 22 x 12 cm
ISBN 978-2-36749-022-9
Coll. "Bande à Part"
Départ imminent
De recueil de nouvelles en recueil de nouvelles, Marc Villard ne cesse de dépeindre des âmes solitaires et torturées qui pourtant ne manquent pas d'humanité. Harmonicas et chiens fous ne déroge évidemment pas à cette règle musicale, tout juste si la partition est invariablement attirée vers la Belgique, les Pays-Bas et la gare du Nord. Dédicacé à l'auteur de bande dessinée Jean-Christophe Chauzy, le recueil est majoritairement composé de nouvelles inédites avec une inclinaison musicale souvent jazzy que ne renierait pas Tom Waits et son "Jockey Full of Bourbon". Et l'alcool, justement fait le lien indissociable entre ces hommes et ces femmes maltraités qui se maltraitent. Pourtant, les premières nouvelles laissent entrapercevoir une touche optimiste que l'on n'avait pas vu depuis longtemps chez le nouvelliste français. C'est le cas pour Hakim dans "Le Dernier combat" sur un thème maintes fois rebattu : celui des combats de boxe truqués et d'une carrière avortée. L'homme bafoué à défaut d'être déchu rebondit de façon voltairienne, en promettant de se mettre au travail (honnête, cela va de soi). C'est également le cas pour Benitez, un comptable coupable d'avoir emprunté de l'argent à un homme malhonnête, et qui a un tueur à gages à ses trousses, tueur à gages qui joue dans un groupe de rock, et qui privilégiera de son côté la musique et son amour. Le tout dans la cohue de la gare du Nord et de son quai desservant Ostende. Petit à petit, pourtant, les parcours somme toute ordinaires de ces personnages vont être plus dramatiques. Un père de famille divorcé dont le fils rend compte de son alcoolisme et qui offre à son père une sortie honorable ("L'Harmonica"). Déjà, la noirceur est là, et le ton est plus lourd. "Le Stade Jean Carillon" offre son premier mort, un guitariste qui se suicide à un arbre esseulé dans la brise froide de banlieue. Le deuxième sera un assassinat qui cache son nom lors d'une nouvelle sur fond de tragédie ordinaire. Pourtant, "La Rivière argentée" débute comme une romance entre Eva et Alex alors que Joan Baez chante "Here's to You". Mais pendant ses vacances, Alex travaille dans une scierie et finit avec un membre estropié. Tout espoir pour lui disparait, et il croit bêtement qu'il ne peut avoir droit à ce qu'il est en droit de revendiquer. Alors il commet l'irrémédiable sans même que l'on puisse savoir pourquoi. Mais le fond du fond, on le touche avec "Le Voyageur immobile" quand trois jeunes sans abris zonent dans la gare du Nord (encore elle !) et se prostituent. Un triangle presque amoureux avec une fille qui va se faire violer par un clochard dans un compartiment esseulé. L'un des adolescents ira faire justice non sans avoir une désagréable surprise : il tuera son père avec dégoût... Tout du long de ces dix nouvelles, Marc Villard va crescendo dans l'horreur ordinaire, et exclue peu à peu toute solution optimiste. Une musique à la fois nostalgique et désabusée, comme autant de thèmes de jazz.
NdR - L'anthologie comporte les nouvelles suivantes : "Le Dernier combat", "Mama-San", "L'Harmonica" (in Le Courrier Picard), "Hallucinex", "Le Stade Jean Carillon" (in Tango n°2), "La Rivière argentée", "Le Voyageur immobile" (in Les Habits noirs), "Né dans un bayou", "Jaurès-Stalingrad" (in Camion Blanc) & "Beauduc".
Citation
Une fille, accroupie au bord du trottoir, fait pisser son chien et révèle son slip rose qui dépasse de ses jeans. Installés à une table du restaurant d'en face, un couple endimanché observe Brigitte se débattre dans l'ambulance et convient, pour finir, qu'ils regarderont en soirée La Ferme Célébrités.