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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'italien par Catherine Beaunier
Paris : Télémaque, septembre 2015
380 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-7533-0259-4
Coll. "Entailles"
Opéra flamboyant
Dans le registre du comique, il existe une version connue qui consiste à prépare une tarte à la crème pour son ennemi. Au dernier moment, il s'en détourne et c'est une autre personne qui se trouve ainsi tartinée. Il y a quelque chose de cet ordre dans le roman Trop de plomb d'Enrico Pandiani, le deuxième d'une série centrée sur la brigade des Italiens. La seule différence c'est que nous sommes dans un roman noir et que la tarte à la crème a un goût extraordinairement amer et qui va provoquer bien des drames.
Le récit s'ouvre d'ailleurs sur une scène extrêmement dure : un inconnu s'introduit chez une femme et la bat à mort, méthodiquement, à coups de pieds, la relevant afin que les coups portent mieux. Avec cette scène d'ouverture, le commissaire Mordanti se doute bien qu'il y a derrière ce meurtre soit un tueur en série qui débute, soit une rancune particulièrement tenace. Certes la victime travaillait pour Paris 24 h, un célèbre quotidien, mais elle ne s'occupait pas de découvrir des scoops scandaleux sur l'enrichissement suspect des hommes politiques ou sur les magouilles de la Françafrique. Elle effectuait des reportages sur des sujets sans "risque particulier". Lorsqu'une deuxième victime apparaît et qu'elle est liée à la première, l'enquête se précise, et Mordanti devient de plus en plus concerné lorsqu'il lui semble évident qu'une future victime pourrait être la jeune femme rencontrée dans les bureaux du journal, une jeune femme avec laquelle il a entamé une liaison.
Le récit oscille donc entre ces deux extrémités : un côté glamour, romantique où la vie des personnages et du quotidien d'un policier est décrite avec soin, et une enquête méticuleuse qui plonge dans les méandres d'une abjection et de la folie. Le final, que nous nous garderons bien de déflorer, reflète bien cette ambivalence dans une sorte de duel final, où la folie la plus pure qui soit côtoie la volonté d'arranger les choses pour donner à tous une chance. Ce qui renvoie au titre original : trop de plomb n'indique pas forcément en italien une dose excessive de balles mais se réfère à la Une d'un journal excessivement chargée.
L'ensemble se base sur une intrigue liée à une vengeance, une vengeance née d'une tarte à la crème sordide et dérisoire qui n'a pas touché la bonne cible mais a détruit l'équilibre de nombreuses personnes, avec en son centre un amour si pur qu'il en devient tragédie, ce qui parait normal pour une équipe d'enquêteurs français d'origine italienne, habituée à ce côté opéra entre tragédie noire et flamboyance.
Citation
Son visage avait l'expression d'un steak mal cuit et plus ou moins la même couleur.