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Grand format
Inédit
Tout public
234 p. ; 19 x 13 cm
ISBN 978-2-37047-058-4
Coll. "Roman policier, mais pas que"
Alger la blanche...
Automne 2005. Le patron notaire d'Ilyès lui propose un voyage en Algérie, parce qu'il est d'origine comme on dit, et tant pis s'il ne parle pas l'arabe, hormis quelques insultes. Un voyage d'affaires pour régler une succession qui lui casse les pieds. Il faut retrouver un certain Noël Ramon, héritier de l'un de ses clients fraîchement décédé. L'homme vivrait à Tizi-Ouzou, mais les autorités algériennes ne semblent pas pouvoir retrouver sa trace. Printemps 1962. Genovese, le légataire, est bidasse. Noël Ramon et lui attendent la quille après vingt-quatre mois de cette sale guerre d'Algérie. Fin mars, les accords d'Évian précipitent les événements. Le chaos s'installe, tout semble permis. Une idée lumineuse traverse alors l'esprit de Daniel Genovese : piquer trois cents lingots d'or qu'un Français ripoux planque dans sa cave. Mais l'affaire tourne mal : Genovese et un troisième complice réussissent à rapatrier les lingots en France in extremis, tandis que Noël ne peut embarquer. Il ne rentrera plus en France. Mais, dès 1963, il trouve le moyen de communiquer avec Daniel, qui va lui rendre des visites périodiques en Algérie et lui remettre un peu de cet argent qu'ils ont capté. Jusqu'à leurs soixante-dix ans, Daniel, prévoyant, s'étant dit qu'il devait affranchir Ramon sur le lieu où le magot est planqué en France. Ilyès débarque donc à Alger, cette terre qu'il ne connaît pas, si peu la sienne et dont il découvre combien, en France, on s'en fout. C'est comme si l'Algérie n'avait jamais existé dirait-on. Silence radio dans l'Hexagone. L'Algérie, c'est au mieux une page d'une histoire presque incompréhensible chez nous... Une mémoire biffée, celle d'une culpabilité qui rôde sans jamais pouvoir éclater au grand jour. Il finit par retrouver la trace de Ramon, très méfiant malgré tout ce temps passé. En 1962, il avait d'abord erré à Oran, puis à Alger. Mécano pour tracteurs, il avait fini par trouver du boulot en Kabylie, où il s'était installé, s'était converti à l'Islam et y avait fondé une famille. La mort de son vieux pote l'étonne. Il soupçonne autre chose, décide de suivre Ilyès en France, où il lui faut récupérer des faux papiers pour hériter. Ilyès se démènera pour les lui procurer, bien qu'il lui faudra pour cela négocier avec ces caïds de la teci qu'il n'aime guère. Un chassé-croisé autour d'identités incertaines, l'Algérie comme un horizon tout à la fois fuyant et d'un coup si présent. Qu'Ilyès découvre, troublé. Il y a ainsi cette histoire avec ce pays qu'il ne connaît pas, qui monte en lui avec la force de l'évidence, et cette autre, celle de son beau-père pied-noir, pleine d'arrogance et de racisme, insensible à la tragédie algérienne, jusqu'à ce moment poignant de la détresse qu'il éprouve, au moment de quitter à nouveau la terre algérienne dont Jérôme Zolma nous berce, lui toujours si juste dans son observation de la vie quotidienne. Et cette manière de narrer, au plus vite, au plus près, droit dans ses mots, cette fois moins portée à la rigolade virtuose comme dans ses précédents romans, moins virtuose d'une certaine manière, mais tellement juste.
Citation
Comme un premier amour qu'on retrouverait dans une maison de retraite après soixante piges de fantasmes.