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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'italien par Laura Brignon
Paris : Archipel, juin 2015
318 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-8098-1701-0
Tueur dell'arte
Un tueur en série terrorise l'Italie, laissant derrière lui des cadavres mutilés avec une telle précision chirurgicale que la presse l'a surnommé l'Anatomiste. Un nom approprié, puisque loin d'être un vulgaire sadique, celui-ci voit ses meurtres comme des expériences visant à faire progresser la science médicale. Artemisia "Mitzi" Gentile est une jeune psy qui participe souvent à des émissions télévisées. Lorsque la police qui piétine l'adjoint à l'enquête, elle sent bien le coup médiatique. Mais Mitzi a ses propres blessures, que cette affaire pourrait faire revenir à la surface... En effet, en son temps, elle a elle-même été la victime d'un autre monstre surnommé le Docteur qui n'a jamais été retrouvé. Et si celui-ci et l'Anatomiste ne faisaient qu'un, faisant revivre son pire cauchemar ? Bien entendu, la vérité peut encore être plus incroyable encore...
Il serait facile, à l'intitulé de ce thriller, de ricaner en pensant que le succès de Donato Carrisi a engendré des vocations. Ce serait oublier que l'Italie est la patrie du genre cinématographique giallo, codifié par Mario Bava et Dario Argento à la fin des années 1960 (le fuligineux 6 femmes pour l'assassin de Bava est d'ailleurs certainement le fondateur du genre), premier à mêler les codes du suspense à ceux de l'horreur, le tout dans une démesure flamboyante toute latine où l'art cinématographique pur se mêlait au côté sordide des fiumetti pour donner un mélange à part constamment sur la corde raide entre le génie et le ridicule (et c'est le côté sordide surexploité par des tâcherons qui sonnera le glas du genre, même s'il a changé un pan du cinéma : rappelons que Halloween de Carpenter se voulait un hommage à Argento — codifiant à son tour le slasher, bouclant la boucle à sa façon — et que Basic Instinct et bien d'autres sont des gialli déracinés). Si l'excès et la flamboyance du giallo sont bien présents (plus d'autres éléments qu'on ne peut dévoiler sans déflorer), même s'il y a longtemps que thriller et horreur se mêlent, ce roman se distingue du thriller industriel de base par un soin évident apporté à son personnage central bien plus vivant que les enquêtrices pour séries téloches du genre. Quant au finale, il plonge dans un cauchemar macabre que n'eût point renié l'Argento de Ténèbre... On dépasse en cela la simple doxa du "quelque chose de pas prise de tête à lire dans le métro", même si on ne peut parler de bonne surprise. Reste à voir comment Diana Lama, loin d'être débutante (même si l'essentiel de son œuvre reste inédite chez nous) va faire évoluer ce qui s'annonce comme une série. En tout cas, si on a envie de lire un bon vieux roman populaire horrifique avec tueur diabolique et passions exacerbées, on peut y aller de confiance. Parfois, ça fait du bien entre deux textes plus ambitieux, mais pas forcément plus distrayants...
Citation
Derrière lui, une photo agrandie montrait un corps nu, ouvert du cou au pubis. La peau cireuse pendait sur les côtés, laissant apparente une cavité brunâtre et répugnante, dont l'essentiel du contenu semblait avoir été emporté. On voyait les vaisseaux sanguins taillés des deux côtés dans la cage thoracique.