Contenu
Poche
Réédition
Tout public
Traduit du suédois par Rémi Cassaigne
Paris : Points, avril 2008
382 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-7578-1305-8
Coll. "Policier"
Seul contre tous
Voici l'ouvrage à lire en période de crise économique. Le roman commence par une partie de fléchettes et Arne Dahl vise juste. Un tueur en série s'attaque aux magnats financiers qui touchent des jetons de présence aux conseils d'administrations des grandes entreprises. Au moment du G20 et des gesticulations vaines contre les bonus des traders, il est rafraîchissant de lire que certains agissent et réalisent ce que d'aucuns n'ose rêver.
Pour les besoins de l'enquête, un groupe de policiers – le groupe A que nous retrouverons dans le deuxième roman de Arne Dahl Qui sème le sang - est formé spécialement. Six policiers, dont une femme, choisis peut-être à leur façon d'aborder leur travail, sont désignés pour travailler ensemble. Au fil de l'histoire, quelques bribes de leur vie nous sont données, leurs doutes, leurs envies, juste de quoi les rendre humains et palpables.
Arne Dahl s'emploie aussi à nous faire vivre chaque scène de crime qui ponctue le récit et cette chasse à l'homme. Le tueur attend sa victime chez elle, prend possession des lieux, s'installe, introduit une cassette dans le magnéto, écoute un morceau de musique et a l'air de savourer ces instants précédents le meurtre. Sa main ne tremble pas quand sa proie pénètre chez elle, et lui non plus ne rate pas sa cible.
Outre les motivations – une vraie bonne idée, simple et efficace - du tueur qui suit scrupuleusement la liste de ses victimes et raye leur nom une fois l'assassinat perpétré, Arne Dahl nous embarque dans les méandres de l'enquête sans trop en faire avec ce qu'il faut de suspens. On se demande à chaque page si les policiers sont près du but ou s'ils s'en éloignent. Il nous fait vivre l'enquête comme elles doivent probablement se passer avec ses tâtonnements, ses surprises et le hasard.
On retrouve dans ce premier roman les thèmes qui ont l'air de tenir à cœur à l'auteur, l'économie de marché, le capitalisme père de tous les vices, mais autant il n'avait pas marqué l'essai avec son deuxième roman, autant celui-ci est à lire de toute urgence.
Citation
La piste de la société secrète, digne des bons vieux romans policiers d'Agatha Christie, était partie en fumée – ces intrigues en forme de puzzle appartenaient décidément à des temps révolus - et on se retrouvait dans l'actualité la plus brûlante : le capitalisme postindustriel, la mafia de l'Est, le krach financier des années 90.