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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit du danois par Nils-C Ahl
Paris : Mercure de France, octobre 2015
544 p. ; 22 x 16 cm
ISBN 978-2-7152-3545-8
Coll. "Mercure noir"
Pitié !
Nous sommes en mars 2010. Søren Marhauge, le plus jeune commissaire danois, vient d'être nommé superintendant adjoint au commissariat de Bellahøj, à Copenhague, et affecté à des tâches administratives (mais démissionne vite pour retrouver le "terrain"). Il vit avec Anna, chercheuse en biomécanique des invertébrés, et Lilly, cinq ans, la fille que celle-ci a eue avec Thomas, lequel est maintenant médecin en Suède. Il a pour collègue, ami et rival, Henrik Tejsner, marié à Jeanette. Or, le professeur Storm est retrouvé pendu dans son bureau. Suicide ? Alors qu'il s'apprêtait à rendre publics les résultats de son travail ? Ni Trine Rønn, qui a découvert le corps ainsi que la disparition d'un précieux carton de documents, ni Marie Skov, son ancienne assistante, n'y croient. Le docteur Storm travaillait sur la mortalité infantile en Guinée-Bissau et avait découvert que les vaccins la réduisent efficacement même pour d'autres maladies que celles qu'ils sont censés traiter, à l'exception du DTP - recommandé par l'OMS ! – qui l'augmente, au contraire ! Mais il y a aussi de bonnes raisons de penser que les données de son étude ont été manipulées par une main étrangère. À partir de là, le lecteur s'engage dans un long, très long tunnel sur la vie personnelle de Marie (son cancer du sein, sa vie avec Jesper Just, médecin et mari infidèle qui veut divorcer, ses relations avec ses sœurs depuis l'enfance, la mort de son petit frère...), d'une part, et celle de Søren (en délicatesse avec Anna), d'autre part. C'est du niveau d'un mauvais roman de gare et le lecteur choisit... l'issue de secours, sautant une page, puis une autre (pas grave, sur cinq cent quarante de ce très gros format), puis un chapitre, puis deux, puis trois, dans l'espoir de trouver enfin ce roman "aussi captivant que Millénium" (la référence qui tue). L'avantage est que cela raccourcit le livre de moitié (gain de temps appréciable !), lorsque l'hirondelle apparait enfin – sous la forme d'un tatouage – à la page 318, sans que le lecteur ait manqué quoi que ce soit d'important, sinon savoir qui est allé chercher Lily à l'école tel ou tel jour : Søren ou Anna, grave question ? Puis cela repart à coups de répliques de plusieurs milliers de signes, voire de mots. Comme l'esprit a le loisir de batifoler, il imagine un jeu consistant à demander à un conseiller littéraire de réduire ce livre à la nouvelle qu'il aurait pu (dû ?) être. D'autres décès plus ou moins suspects viennent embrouiller l'affaire, avec un vol de produits médicamenteux en prime. Lorsque survient enfin le dénouement de l'affaire Storm (au chapitre 13), il nous est fourni à la troisième personne par un narrateur omniscient qui ignore royalement Søren (censé "mener l'enquête" !) ; dans ses grandes lignes, il est à la fois conforme à ce que le lecteur a deviné après quelques dizaines de pages, et, dans ses détails, dépourvu de toute vraisemblance. Prodigieux, non ? Il en va de même pour la mort du frère de Marie : Søren annonce par mail à celle-ci qu'il a été victime de la chute d'une boîte à outils déclenchée par sa sœur de deux ans et demi ! Après quoi, il se retrouve lui-même accusé d'être responsable de la mort de ses propres parents. Heureusement, tout baigne de nouveau entre Anna et lui (sur fond de chœurs célestes hollywoodiens). Chapeau bas ! À ce niveau de nullité, c'est "hyper génial", comme on dit maintenant, pour rester dans la ligne linguistique de ce livre. Combien d'arbres a-t-il fallu abattre pour publier cela ?
Citation
Dans le couloir, Søren se frappa le front tellement il était idiot. Qui donc disait 'salut' à un homme dans le coma ?