Sujet 375

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Roman - Thriller

Sujet 375

Psychologique - Prison - Procédure MAJ vendredi 18 décembre 2015

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20 €

Nikki Owen
The Spider in the Corner of the Room - 2015
Traduit de l'anglais par Cindy Kapen
Paris : Super 8, octobre 2015
420 p. ; 20 x 14 cm
ISBN 978-2-37056-026-1

Être un numéro

Le Dr Maria Cruz-Banderras est en prison. Normal, car elle a tué de manière horrible un prêtre catholique. Seul problème, elle ne s'en rappelle pas. Plus les choses avancent dans les bâtiments pénitentiaires où elle est enfermée, moins les choses ne deviennent claires. Elle-même reconnait être atteinte du syndrome d'Asperger, mais cette "maladie" n'explique par tout. Elle est capable d'avoir une mémoire phénoménale et, en parallèle, elle ne parvient pas à se souvenir du crime qu'elle est censée avoir commis. L'araignée du titre original (et en français on a parfois une araignée dans le placard) fait référence à cet animal courant le long des murs de la prison et observant sans cesse Maria Cruz-Banderras, comme une sorte de drone. Cela renforce la marque de la paranoïa qui submerge le texte de ce premier roman de Nikki Owen. Chaque avancée dans l'intrigue devient une pièce qui contredit les précédentes : la famille de Maria semble lui reprocher certaines choses mais veut dans le même temps l'aider. Les amis de son père se sont glissés dans les rouages du système judiciaire et veulent lui permettre de sortir de prison. Mais il y a également une horde de questions que d'autres posent. En priorité, celle de savoir si la prison est un moyen de mettre Maria de côté et de la faire taire ou à l'inverse la seule solution pour la protéger. Les autres prisonnières sont-elles là pour la protéger ou pour la tuer ? Pourquoi est-elle suivie par des psychiatres qui semblent bien louches ?
Chaque chapitre est ainsi l'occasion de renverser les données. Stylistiquement, Nikki Owen en rajoute parfois un peu trop. Un paragraphe raconte un événement réel puis l'auteur intercale un événement fantasmé avant de revenir au premier fait. Mais tout est mis sur le même plan et on ne peut ainsi savoir laquelle des deux lignes narratives est la vraie. Parfois des bouffées d'histoires anciennes reviennent en mémoire : Maria Cruz-Banderras est-elle bien cette chirurgienne connue spécialisée en chirurgie réparatrice ou une tueuse pour le compte du gouvernement ? Est-elle une espionne classique ou l'objet d'expérimentations qui l'auraient créée pour devenir une espèce de James Bond à son corps défendu ? Le roman se termine (mais sans que l'histoire ne s'achève car Sujet 375 est le premier volet d'une trilogie) avec un procès où le procureur et l'avocat se renvoient les traces et indices comme autant de manipulations pour un camp ou pour un autre, où chaque détail est l'objet de regards si différents qu'il peut dire l'inverse et son contraire ! Cette paranoïa érigée en principe, qui revient sur chaque détail réinterprété à l'infini, centré sur le lieu clos qu'est une prison (et les bureaux des différents fonctionnaires qui s'occupent de Maria), crée une atmosphère étouffante, un cercle vicieux, un cauchemar qui ne se finit jamais, un brouillard qui ne se lève pas. Sujet 375 est un premier roman surprenant dont on espère que la suite tiendra les promesses entraperçues.

Citation

Si j'ouvre la bouche, je sais que ma voix me trahira, hurlera la pensée qui décrit des cercles dans mon cerveau comme un vautour chassant sa proie ; je ne sais qui je suis.

Rédacteur: Laurent Greusard vendredi 18 décembre 2015
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